(Montréal) La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et ses fédérations en enseignement supérieur se réjouissent d’une rentrée sur les campus des cégeps, mais attendent toujours des directives, notamment sur la marche à suivre en cas d’éclosion de COVID-19. Elles demandent davantage de collaboration de la part des directions des cégeps, mais aussi plus de ressources psychologiques pour les étudiants comme pour les professeurs, car la dernière année a laissé beaucoup d’anxiété dans son sillage.

En janvier, un sondage interne indiquait que la moitié des membres de la CSQ qui travaillent dans les cégeps ont songé à quitter leur emploi au cours des dernières années, et 80 % des étudiants du collégial disaient avoir eu — ou avoir — des problèmes de santé mentale, rapporte Éric Gingras, président de la CSQ.

Il faut faire mieux que ça, a-t-il martelé mercredi matin lors d’une conférence de presse tenue à Montréal.

Après quelque 18 mois d’enseignement à distance, les étudiants sont fragilisés dans leurs apprentissages et dans leur parcours. « Il faudra davantage les motiver, les encadrer et les soutenir », a renchéri Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ).

Le gouvernement a investi de l’argent dans ce but durant la pandémie, ont convenu les divers représentants syndicaux.

Mais si des services de soutien psychologique existent, ils sont toutefois insuffisants, ont-ils soutenu, tout comme le président de l’Union étudiante du Québec (UEQ), Samuel Poitras, et Samuel Vaillancourt, président de Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), tous deux interrogés en marge de la conférence de presse.

Quant aux employés, ils sont à bout de souffle et eux aussi ont besoin de soutien, a rappelé Mme Piché. Leur charge de travail s’est alourdie en temps de pandémie, de nouvelles tâches se sont ajoutées aux autres comme le télé-enseignement. Certains employés doivent attendre longtemps avant d’avoir accès à du soutien psychologique.

Elle pressent que la pandémie de COVID-19 a généré de « nouveaux besoins ». De plus, il peut être « anxiogène de retourner dans les milieux de travail », croit-elle, ce qui peut causer une demande accrue pour de l’aide psychologique.

Les mesures sanitaires

Le syndicat a bien accueilli l’annonce du gouvernement, faite mardi, selon laquelle les étudiants des cégeps et des universités devront porter le couvre-visage en classe.

Le retour sur les campus, « c’est une bonne nouvelle », a réagi Éric Gingras. Si cela signifie qu’il faut porter le masque en classe pour assurer un retour en personne, « on ne va pas être contre ça ». Mais si des aménagements doivent être faits par les employeurs, « on veut être consultés ».

Il s’agit d’ailleurs là d’un message central du syndicat, porté lors de cette conférence de presse : les enseignants, comme le personnel de soutien et les autres professionnels du milieu, veulent être écoutés et consultés. Ils ont de l’expertise et peuvent aider à bonifier les mesures prises en période de pandémie — comme en tout temps, disent-ils — au bénéfice de tous, soutient le président de la CSQ.

Ils souhaitent « une culture de collaboration et d’écoute ».

D’ailleurs, là où les directions de cégeps ont écouté leurs employés, les choses se sont mieux passées durant la pandémie, a opiné Mme Piché.

Quant à la possibilité d’une vaccination obligatoire des enseignants, évoquée mardi par le premier ministre François Legault, M. Gingras a souligné que ceux-ci ont répondu « avec enthousiasme » à l’appel de l’inoculation, bien qu’il n’ait pas de statistiques en main. Mais si celle-ci devient obligatoire, il rappelle « que le modèle du bâton n’a jamais été très positif ».

Et puis, il ne faudrait pas qu’une telle mesure imposée pousse des gens à quitter le réseau de l’éducation alors qu’il y a une pénurie d’enseignants, juge-t-il.

Les représentants syndicaux se réjouissent ainsi de la tenue d’une commission parlementaire avant que ne soit prise la décision d’imposer la vaccination aux enseignants.

Et les éclosions ?

Les enseignants attendent toujours des directives, par exemple sur ce qu’ils doivent faire si des étudiants de leurs classes sont infectés à la COVID-19. Les autres doivent-ils s’isoler ? Les cours seront-ils offerts en ligne ?

Et aussi, si un étudiant immunosupprimé ne veut pas aller en classe, quels services doivent lui être offerts ? a aussi demandé Mme Piché.

À quelques jours de la rentrée dans les cégeps, les professeurs n’ont pas encore eu de consignes pour les éclosions, souligne-t-elle. « Et ça aussi c’est anxiogène » pour les enseignants. L’incertitude, ça mine, a-t-elle ajouté.

Les cégépiens aussi se posent des questions : par exemple, si quelqu’un contracte la COVID19, on ne sait pas quels accommodements seront offerts pour qu’il poursuive son apprentissage, donne en exemple Samuel Vaillancourt, le président de la FECQ : on n’a pas encore de réponses pour tout et trop de flous planent encore sur la rentrée, dit-il.

Du côté des cégeps

Le même jour, un regroupement de 12 cégeps de Montréal a promis une rentrée 2021 sécuritaire. Ces établissements assurent qu’ils ne « baissent pas la garde ».

En plus d’encourager « fortement » leurs étudiants et tout leur personnel à se faire vacciner le plus rapidement possible, ils avisent que des « activités de vaccination » auront lieu sur leurs campus en début de session, grâce à la collaboration des CIUSSS de Montréal.

Actuellement, 12 établissements d’enseignement supérieur se trouvent sur la liste du ministère (telle que mise à jour vendredi dernier) qui répertorie ceux « où le risque épidémiologique est jugé plus grand ».

Sur les cinq cégeps énumérés, quatre sont à Montréal : il se sont notamment retrouvés sur cette liste parce que moins de 75 % de leurs étudiants ont reçu deux doses de vaccin.