(Montréal) « Ça frôle la négligence, ça n’a pas de bon sens », estime l’opposition libérale qui s’indigne d’apprendre qu’il est peu probable que des lecteurs de CO2 soient installés dans toutes les écoles de la province pour la rentrée, contrairement à ce qu’avait indiqué Québec dans les derniers mois.

À moins de trois semaines du début des classes, la porte-parole libérale en matière d’éducation, Marwah Rizqy, ne voit qu’une seule explication : le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, est « systématiquement en retard ».

« Il ne prend pas complètement la mesure et l’urgence de s’attaquer à la transmission aérienne. Il ne comprend pas ou il ne veut pas comprendre que le virus se transmet par les aérosols. Il nous a obstinés pendant pratiquement un an là-dessus. »

Le « Plan pour la rentrée 2021 » publié sur la page Facebook du premier ministre François Legault le 2 juin promet d’ailleurs des « détecteurs de CO2 dans toutes les classes ».

Le ministère de l’Éducation a pour sa part indiqué le mois dernier que la vaste opération serait finalement réalisée cet automne et le site du gouvernement du Québec indique désormais que les appareils seront installés « pendant l’année scolaire 2021-2022 ».

L’appel d’offres a été lancé le 16 juillet, alors que le ministre annonçait le 27 mai qu’il serait lancé deux semaines plus tard. Il sera retiré le 16 août selon les informations transmises par courriel à la suite d’une demande de renseignement auprès du ministère, ce qui laisserait quelques jours pour en faire l’installation.

Questionnée sur la date exacte de la pose des appareils, la porte-parole du cabinet du ministre, Esther Chouinard, s’est contentée de répondre que le « dossier [suivait] son cours pour le moment ».

Le manque « d’empressement » de la part du ministre « déçoit » aussi chez Québec solidaire, qui dit ne pas être étonné.

« Le ministre a tellement traîné sur ce dossier-là, a déclaré la porte-parole Christine Labrie. Ça lui a pris des mois et des mois avant de reconnaître que c’était nécessaire d’installer des lecteurs de CO2 donc ça paraissait qu’il avançait à reculons sur ce dossier-là. Visiblement, même quand il a dû se résoudre à annoncer qu’ils en installeraient, il n’était pas pressé non plus de lancer l’appel d’offres. »

« On constate l’improvisation chronique du ministre de l’Éducation, a renchéri la députée péquiste Véronique Hivon. C’est très sérieux. C’est très grave parce qu’on parle à la fois de la santé et de la sécurité des enfants dans les écoles. Mais aussi de l’organisation de leur vie scolaire au quotidien dans la prochaine année. »

Il faut « s’activer », pressent les syndicats

Le président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Sylvain Mallette, se demande comment il se fait que l’appel d’offres « ait été rédigé si tardivement », soit un peu plus d’un mois après l’annonce de Québec.

Est-il possible d’équiper les établissements scolaires de capteurs de CO2 d’ici au mois de septembre comme prévu initialement ? Sans répondre directement à la question, M. Mallette affirme « qu’il va falloir que le gouvernement s’active ».

L’installation de détecteurs de dioxyde de carbone (CO2) pour mesurer la qualité de l’air et ainsi limiter les risques de transmission de la COVID-19 dans les écoles s’avère nécessaire puisque plusieurs écoles n’ont pas un système de ventilation adéquat, a-t-il insisté.

L’absence de détecteurs suscite de l’incertitude dans les écoles, a confié le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Éric Gingras, qui représente 110 000 employés du réseau scolaire.

« Il n’est pas normal que le personnel des écoles ne soit pas en mesure de savoir s’il travaille dans des conditions qui respectent les normes de qualité de l’air minimales », a-t-il déclaré à La Presse Canadienne.

M. Gingras a dit avoir réclamé « une plus grande stabilité dans la mise en place des mesures sanitaires », lors d’une rencontre avec le ministre de l’Éducation la semaine dernière.

Invité à réagir aux commentaires de la FAE et de la CSQ, le ministère de l’Éducation a assuré mardi par téléphone que « les écoles à ventilation naturelle et ayant un haut taux de CO2 » seront priorisées dans le cadre de cette opération.

Selon une convocation transmise mardi après-midi, des experts et le ministre de l’Éducation « feront le point sur la qualité de l’air dans les écoles », mercredi avant-midi, à Montréal.

Cet article a été produit avec l’aide financière des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.