Québec et Ottawa ont confirmé jeudi matin l’attribution d’un transfert fédéral de 6 milliards en cinq ans qui permettra au gouvernement Legault de renforcer son réseau de services de garde, en améliorant les conditions de travail et en faisant baisser les tarifs.

« Plus que jamais, la dernière année et demie a démontré à quel point ces services sont essentiels, surtout pour les mères qui ont dû trop souvent choisir entre leurs enfants et leur carrière. Notre message est clair : on ne laissera pas la pandémie faire reculer tout le progrès qu’ont fait les femmes au cours des dernières années », a soutenu jeudi le premier ministre Justin Trudeau, qui était de passage à Montréal, au parc Lalancette, aux côtés de François Legault.

Les deux hommes ont d’ailleurs rencontré des parents et leurs enfants avant leurs allocutions. M. Trudeau a du même coup soutenu que l’entente permettrait de « créer des dizaines de milliers de nouvelles places en garderie, en plus de réduire les tarifs ».

En se disant conscient qu’« il y a beaucoup de parents qui cherchent des places en garderie pour leurs petits », le premier ministre du Canada a promis que « les choses vont s’améliorer ». « Ces investissements vont permettre d’aider plus de familles, y compris les familles à faible revenu. Et ils vont aider à recruter et à former plus d’éducatrices et d’éducateurs, tout en offrant de meilleures conditions de travail », a-t-il indiqué.

Plus de 98 000

Nombre de places existantes en centres de la petite enfance (CPE) au Québec, au 31 mars 2021, soit selon les plus récentes données disponibles du ministère de la Famille. En milieu familial, ce chiffre est d’environ 91 600, alors qu’en garderie subventionnée, on en compte près de 48 000.

Ces annonces avaient déjà fait l’objet de discussions dans les derniers jours. Mardi, La Presse avait en effet révélé que les négociations entre Ottawa et Québec visant à conclure cette entente sur le financement des services de garde avançaient rondement.

6 milliards « sans conditions »

Le tout survient dans la foulée du plus récent budget fédéral, dans lequel Ottawa s’est engagé à investir 30 milliards en cinq ans pour créer un réseau national de garderies à 10 $ par jour en s’inspirant du modèle québécois, considéré comme un modèle de « leadership ».

Avec un système abordable et fiable de garde d’enfants depuis des décennies, le Québec est un leader mondial. Et le temps est venu pour le reste du Canada de prendre exemple sur le Québec.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Québec, de son côté, prévoit investir plus de 2,7 milliards dans les services d’apprentissage et de garde des jeunes enfants en 2021-2022. « C’est une belle victoire pour les familles québécoises », a soutenu jeudi le premier ministre François Legault aux côtés de son homologue fédéral.

« Pour l’instant, notre estimé, c’est 37 000 places qui manquent au Québec », a ajouté M. Legault, en précisant que le gouvernement s’assurerait de « quadriller » la province pour « mettre en place le nombre de places nécessaire » dans toutes les régions.

8,50 $

Tarif moyen par jour pour une place à contribution réduite dans certains services de garde éducatifs à l'enfance (CPE, garderies privées subventionnées et services de garde en milieu familial) au Québec. L’objectif du gouvernement fédéral est d’arriver à imposer un tarif de 10 $ dans toutes les autres provinces d’ici cinq ans.

Le plus important, dit François Legault, est que les 6 milliards injectés par Ottawa sont « sans conditions », ce qui permettra à son gouvernement d’utiliser cet argent comme bon lui semble.

Nos deux priorités, c’est que tout le monde ait accès à une place et d’augmenter le salaire des éducatrices, qui sont sous-payées par rapport à la formation qui leur est exigée.

François Legault, premier ministre du Québec

Signe que la campagne électorale approche à grands pas, Ottawa a conclu ces dernières semaines des ententes de financement avec quatre autres provinces, soit la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi qu’avec le territoire du Yukon.

Chaque fois, l’annonce a été faite par le premier ministre Justin Trudeau lui-même, en compagnie de son homologue provincial. Selon nos informations, les libéraux de Justin Trudeau souhaitaient ardemment conclure les négociations avec Québec sur les garderies avant le déclenchement des élections, qui semble de plus en plus imminent au Canada.

Ce qu’ils ont dit

Si les libéraux sont vraiment sérieux cette fois-ci, les familles québécoises n’auront plus à attendre des années avant de trouver une place en garderie pour leurs nouveau-nés. Mais rien n’est jamais certain avec les libéraux. Les familles canadiennes connaissent la chanson.

Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique (NPD)

La CAQ n’a vraiment plus aucune excuse pour ne pas garantir à chaque parent qui le souhaite une place subventionnée et de qualité pour son enfant. Il y a au moins 51 000 enfants en attente d’une place. Évidemment, on a hâte de voir le plan détaillé qui nous est promis, à répétition, depuis le printemps.

Véronique Hivon, critique du Parti québécois en matière d'éducation

M. Legault continue de défendre ses maternelles 4 ans dont les coûts ont explosé. Il mentionne l’importance de donner le choix aux parents entre une place en service de garde ou à la maternelle. Quel choix ? Liste d’attente des services de garde = 51 000, versus maternelle 4 ans = 0.

Marwah Rizqy, critique du Parti libéral du Québec en matière d'éducation

La nationalisation des services éducatifs à la petite enfance apparaît incontournable si l’on veut répondre aux objectifs que nous nous sommes fixés collectivement lors de la création de notre réseau. Plutôt que de baisser les impôts et les taxes avec l’argent d’Ottawa, il faut que le gouvernement du Québec octroie des sommes importantes pour le développement.

Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)