Tous les cadres du réseau scolaire viennent de recevoir un cadeau du ministre de l’Éducation du Québec : une banque de 10 jours de congé pour « reconnaître leur contribution essentielle ayant permis d’assurer des services éducatifs de qualité à tous les élèves du Québec » dans le contexte de la pandémie.

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, mettra en place, au moyen d’un arrêté ministériel, une banque temporaire de congés compensatoires, en partie monnayables, pour le personnel d’encadrement du milieu scolaire, explique une lettre datée du 23 juin, que La Presse a obtenue, envoyée par le directeur général des relations de travail au ministère de l’Éducation, Pascal Poulin, aux directeurs généraux des centres de services scolaires et des commissions scolaires.

PHOTO FRÉDÉRIC MATTE, ARCHIVES LE SOLEIL

Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation

Cette mesure est une compensation pour « les pressions additionnelles et une surcharge sur le personnel d’encadrement », explique la lettre. Elle s’applique à « toute personne qui occupait un emploi de cadre ou de hors-cadre du 13 mars 2020 au 30 juin 2021 ».

Un mécanisme est prévu pour que les cadres qui quittent leur emploi puissent « monnayer les congés qui n’ont pas été pris au moment de leur départ, jusqu’à un maximum équivalent à cinq jours ».

Le personnel scolaire « oublié »

Les employés syndiqués du réseau de l’éducation n’ont cependant pas droit au même congé, ce qui soulève l’ire de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui représente près de 110 000 membres du personnel scolaire.

« La décision du Ministère fait malheureusement oublier que tout le personnel scolaire a travaillé d’arrache-pied dans la dernière année, sans compter les heures, du personnel enseignant au personnel de soutien en passant par les professionnels », a déploré Sonia Ethier, présidente de la CSQ.

Sans rien enlever au travail des gestionnaires scolaires, la mesure annoncée par le Ministère institue un double standard et envoie un curieux message à l’endroit des milliers de femmes et d’hommes œuvrant dans les écoles qui ont porté l’éducation de nos enfants à bout de bras.

Sonia Ethier, présidente de la Centrale des syndicats du Québec

Une cadre d’un centre de services scolaire s’est aussi montrée « scandalisée » par cette annonce.

« Je trouve indécent que les contribuables qui ont tous fait des efforts considérables pour vaincre cette pandémie aient à nous verser 10 journées de vacances supplémentaires l’an prochain », a dénoncé l’employée cadre, qui a demandé que son nom ne soit pas divulgué, par crainte de représailles de la part de son employeur et de ses collègues.

Nos appels au ministère de l’Éducation, pour tenter de connaître les raisons de cette décision, sont restés sans réponse.