Québec serre la vis aux collèges privés et publics qui embauchent des firmes recrutant de façon abusive des étudiants étrangers.

En conférence de presse vendredi, Danielle McCann, ministre de l’Enseignement supérieur, a fait savoir qu’un plan d’action est mis en place pour mettre fin aux pratiques frauduleuses de collèges qui cachent entre autres au gouvernement leur nombre réel d’inscriptions.

L’enquête administrative a été déclenchée à la suite des arrestations effectuées par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) en lien avec des stratagèmes visant le recrutement d’étudiants étrangers au sein de la Commission scolaire Lester-B. -Pearson.

En conférence de presse, Mme McCann a d’abord parlé de pratiques abusives émanant de neuf collèges privés. Elle a cependant reconnu que des établissements publics étaient aussi en cause, comme le cégep de la Gaspésie et des Îles.

Mme McCann n’a pas caché « sa préoccupation » face à ce qui a été découvert dans les divers établissements faisant l’objet d’une enquête.

Entre autres abus, la ministre a signalé que les recruteurs y vont d’informations incomplètes quant à la durée et au coût réel des programmes, qui sont anormalement allongés dans certains cas. « Tous les frais exigés ne sont pas dits de façon transparente », a-t-elle noté.

Dans certains cas, on demande à des étudiants étrangers jusqu’à 25 000 $ pour des formations de courte durée, comme des diplômes d’études professionnelles ou des attestations d’études collégiales.

Des lettres ont été récemment envoyées aux collèges dans le collimateur du gouvernement, qui entend aussi préciser le nombre maximal d’étudiants que peut admettre chaque établissement.

Confrontée en conférence de presse sur le fait que Québec a mis très longtemps avant d’agir malgré de nombreux reportages journalistiques sur la question, la ministre McCann a assuré que tout serait rapidement déployé.

Une équipe spéciale d’enquêteurs a été créée et un projet de règlement qui encadrera dorénavant la sollicitation d’étudiants étrangers. Aussi, « des notions de français seront possiblement intégrées dans le parcours scolaire ».

Les pratiques de ces collèges ne vont pas sans accélérer par la bande l’immigration de certains étudiants.

Nadine Girault, qui est notamment ministre de l’Immigration, soutient que les actions annoncées « permettront à la fois d’assurer la protection des étudiants étrangers et l’intégrité de nos programmes d’immigration. Des balises plus claires et davantage de transparence dans le recrutement d’étudiants sont essentielles. La collaboration de nos deux ministères est nécessaire afin d’assurer des études de qualité pour tous ceux qui fréquentent les établissements du Québec ».

Le Cégep de la Gaspésie et des Îles a fait savoir en fin d’après-midi qu’il n’a jamais été mis sous enquête et « est toujours en attente de savoir si des conclusions du rapport concerne l’établissement ».