Comme prévu, les enseignants de 45 cégeps ont entamé une grève de deux jours, mardi après-midi. À l’entrée du cégep du Vieux-Montréal, une cinquantaine de personnes ont déploré leur précarité d’emploi et le peu d’avancées aux tables de négociations depuis plus d’un an.

De Sherbooke à Montréal, des lignes de piquetage se sont déployées aux portes des cégeps de la province. Les syndicats collégiaux et du secteur public ont protesté contre des conditions de travail qu’ils jugent insoutenables.

« Tout ce qu’on demande, c’est des moyens pour bien travailler. Monsieur Legault, vous n’avez pas juste un budget à gérer. Vous avez une province, une population dont ils faut prendre soin et on est incapable [de le faire] sans service public de qualité », a scandé Caroline Senneville, première vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN). La responsable de la négociation du secteur public n’hésite pas à qualifier la situation actuelle d’une « crise du secteur public, partout ».

Les priorités syndicales incluent de meilleures conditions salariales, un rééquilibrage des ratios étudiants/professeurs, et plus de ressources pour les étudiants handicapés.

Les conventions collectives des enseignants syndiqués, échues en mars 2020, n’ont toujours pas été renouvelées. Le 2 mai dernier, le premier ministre François Legault a haussé le ton, donnant deux à trois semaines au secteur public pour conclure l’entente.

Un ultimatum décrié par les syndicats. « En trois ans, on nous a passé trois fois la même offre. Le premier ministre, en bon père de famille, nous a dit : "J’ai assez attendu, j’ai été patient, et quand bien même que vous continuerez pendant six mois de plus, il y aurait pas une cenne". Monsieur Legault, j’ai des petites nouvelles pour vous. S’il faut qu’on retourne en grève, on retournera en grève », a tonné Yves de Repentigny, vice-président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec.

Le chargé de cours en économie Raouchen Methamem était de passage sur la ligne de piquetage. Un « court » passage, puisqu’il devait ensuite filer au cégep de Granby, où ses étudiants l’attendent. C’est la réalité des chargés de cours, dit celui qui jongle présentement entre trois établissements scolaires, un emploi instable pour un revenu insuffisant.

« Je peux comprendre le gouvernement en ce moment, avec toutes ses dépenses liés à la pandémie, [de ne pas vouloir bonifier les ressources] mais il nous faut une lueur d’espoir, il nous faut une ouverture. La porte est fermée », se désole M. Methamem, qui attend sa permanence depuis 12 ans.

Des étudiants ont également démontré leur soutien au personnel enseignant. C’est le cas d’Aurélie McBrearty, finissante en soins infirmiers, qui s’est déplacée par solidarité pour ses professeurs. Depuis le basculement des cours à distance, elle remarque un épuisement chez ces derniers. « À l’ère du numérique, les professeurs doivent être disponible 24 heures sur 24. On leur en demandait déjà beaucoup, mais là c’est encore plus », dit-elle.

La grève des professeurs affiliés à la CSN doit se terminer le 13 mai à midi.