Une Canadienne sur dix affirme avoir été victime d’une agression sexuelle dans le contexte de ses études postsecondaires, mais la plupart de ces agressions ne sont pas rapportées, révèle une étude de Statistique Canada publiée lundi.

Menée en 2019, l’étude démontre que les jeunes femmes demeurent « surreprésentées parmi les victimes d’agression sexuelle », puisque 11 % des étudiantes ont affirmé avoir été agressées sexuellement au cours des 12 derniers mois, contre 4 % de leurs collègues masculins.

Ces agressions sont le plus souvent des contacts sexuels non désirés. Ils ont été vécus par 86 % des femmes et 83 % des hommes victimes d’agression sexuelle. Six fois sur dix, ces agressions sont perpétrées par d’autres étudiants.

Parmi les comportements relevés dans l’étude, on note que les femmes sont plus nombreuses à avoir subi des sifflements ou des interpellations (27 % contre 6 % des hommes) ou encore des attouchements non désirés ou des rapprochements trop intimes (21 % des femmes par rapport à 7 % des hommes).

Qu’ils soient hommes ou femmes, une majorité d’étudiants (71 %) disent avoir été témoins ou avoir vécu des comportements non désirés sur le campus ou en ligne.

Une étude menée dans la population en général par Statistique Canada avait démontré que 3 % des femmes et 1 % des hommes ont été agressés sexuellement en 2018.

Certains comportements sont jugés moins répréhensibles que d’autres. Seule une minorité d’étudiants (7 % des femmes et 2 % des hommes) jugent que les blagues à caractère sexuel sont très offensantes. Par contre, « le fait de prendre ou d’afficher des photos ou des vidéos sexuelles inappropriées ou sexuellement suggestives d’un étudiant sans son consentement » est jugé très offensant par 59 % des femmes et 42 % des hommes.

Des agressions peu rapportées

Les agressions vécues par les étudiants sont peu rapportées, révèle aussi l’étude de Statistique Canada. Moins d’une femme sur dix (8 %) qui a été agressée sexuellement dit en avoir parlé à une personne rattachée à l’établissement d’enseignement, comme un membre du corps enseignant, les services de soutien aux étudiants ou les services de sécurité de l’établissement d’enseignement. Seules 3 % ont fait un signalement à la police.

Plus de la moitié des étudiantes (55 %) qui ont été témoins de comportements non désirés ont néanmoins affirmé qu’elles étaient intervenues au moins une fois. Chez les hommes, 41 % ont déclaré avoir agi pour faire cesser un comportement jugé répréhensible.

Quand elles ne sont pas intervenues, près de la moitié des femmes ont déclaré que c’est parce qu’elles ne se sentaient pas à l’aise de le faire. Près du tiers a dit redouter les conséquences négatives qu’aurait une telle intervention.