Les écoles virtuelles mises sur pied pour les enfants qui ont des exemptions médicales comptent près d’un millier d’élèves inscrits seulement dans l’île de Montréal. Ils retrouvent dans leurs classes spécialement créées à cause de la COVID-19 des enseignants eux aussi restés à la maison.

Depuis le début de l’année scolaire, le nombre d’élèves qui doivent rester à la maison en raison de la pandémie est en augmentation. Alors qu’il y a deux semaines, ils étaient 75 du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) à avoir obtenu une exemption médicale, ils sont maintenant 390 à y être inscrits.

La situation est semblable au Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB), dans l’ouest de l’île. Les inscriptions ont « explosé » à l’école virtuelle Éva, si bien que 400 élèves du primaire et du secondaire la fréquentent désormais.

« Les billets [médicaux] arrivent tous les jours. On est à stabiliser nos groupes d’élèves, trouver les bons enseignants, les ressources professionnelles », dit Josée Duquette, directrice des services des ressources éducatives du CSSMB.

L’accueil virtuel des élèves a eu lieu la semaine dernière, mais depuis mardi, ils sont en classe avec l’un ou l’autre des 46 enseignants et spécialistes affectés à cette école sans adresse ni cour de récréation. « C’est parti, ça s’est relativement bien passé », poursuit Mme Duquette.

Reste qu’il a fallu s’ajuster, comme au secondaire, où les cours à options se multiplient. Chez les élèves plus petits, dont ceux en maternelle, le défi est ailleurs.

Il faut trouver toutes sortes de façons d’éveiller l’enfant sans faire en sorte qu’il soit toujours en train de regarder l’écran. Il faut parfois inverser le processus et regarder les élèves en train de faire un casse-tête ou une construction.

Josée Duquette, directrice des services des ressources éducatives du CSSMB

Autre difficulté du virtuel : des élèves qui seraient habituellement en classe d’accueil parce qu’ils ne maîtrisent pas le français sont intégrés à des groupes ordinaires. Pour eux, on « espère que ça va bien aller ».

Par rapport à ce qu’ont connu les élèves au printemps, l’école virtuelle est plus « organisée ». « C’est très structuré. On a des heures qu’on doit donner en enseignement. Il y a même une famille qui souhaitait plus de flexibilité et qui a choisi de faire l’enseignement à la maison avec le programme du Ministère », relate Josée Duquette.

Au Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île, 103 élèves sont inscrits à l’école virtuelle, qui a aussi commencé ses cours cette semaine.

Des élèves en attente

Certains parents de Montréal se demandent toutefois quand l’enseignement virtuel qu’on leur a promis prendra véritablement son envol.

Parce qu’elle a une maladie chronique qui la met à risque si elle contracte la COVID-19, Julie Charrier a inscrit ses deux enfants à l’école virtuelle du CSSDM. Elle n’a reçu que cette semaine un courriel pour lui confirmer son inscription, pourtant faite « dès que le ministre a présenté son plan » cet été. On lui précise que l’enseignante de son enfant la contactera sous peu pour présenter « sa façon de faire la classe à distance, l’horaire de travail, ainsi que le matériel à se procurer ».

Enseignante dans un collège privé de Montréal, elle donne une prestation à distance à des élèves à l’automne et comprend en conséquence que ça puisse « prendre un certain temps » pour mettre sur pied une telle école. Elle ne s’explique toutefois pas le manque de communication jusqu’ici.

C’est aussi le cas d’une autre mère qui a contacté La Presse et dont l’enfant est en attente d’une greffe. « Nous sommes le 9 septembre et il ne s’est toujours rien passé. Je laisse des messages et je n’ai même pas de retours d’appels. J’aimerais beaucoup me concentrer à d’autres combats », dit cette mère qui a demandé à demeurer anonyme.

L’école virtuelle est bel et bien sur les rails, dit pourtant le porte-parole du CSSDM, Alain Perron.

« L’école fonctionne depuis le 1er septembre alors que nous avions reçu les premières demandes avant la rentrée. L’élève est accepté une fois que nous avons reçu le billet du médecin et qu’il est validé. Ensuite, il faut mettre le service en place selon le niveau de l’élève, assigner l’enseignant, etc. », explique M. Perron.