Des scientifiques et des professionnels de la santé exhortent le gouvernement Legault à réviser son plan pour la rentrée scolaire, estimant que les mesures prévues sont inadéquates pour prévenir les éclosions de COVID-19.

Dans une lettre ouverte envoyée lundi au premier ministre François Legault, à des ministres et à des responsables de la santé publique, quelque 150 signataires affirment que les directives du gouvernement en matière de santé pour les élèves ne sont pas suffisantes, que les systèmes de ventilation dans les écoles doivent être améliorés et que les familles doivent avoir des options d’apprentissage à distance.

Les signataires appellent le gouvernement à exiger la distanciation physique d’au moins un mètre entre les élèves et le port du couvre-visage dans les classes.

Mardi après-midi, le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, a voulu rassurer les parents inquiets, à quelques jours de la rentrée scolaire.

« On comprend leurs préoccupations, on a discuté de notre plan avec des experts et on pense qu’on a trouvé le bon équilibre entre le risque pour les enfants et le développement scolaire », a indiqué le docteur Arruda, avant d’ajouter que « le port du masque en théorie, c’est bon, mais en pratique, chez les enfants, ça peut être compliqué ».

Les signataires de la lettre demandent aussi que le gouvernement établisse une stratégie de dépistage dans les écoles.

L’instigateur de la lettre, George Thanassoulis, qui est professeur agrégé de médecine à l’Université McGill, a déclaré mardi que la province avait fait du bon travail pour réduire le nombre de cas actifs de COVID-19.

Et même s’il ne veut pas effrayer les autres parents, il croit qu’il est important de rester prudents et de s’assurer que les progrès accomplis dans la lutte contre le coronavirus ne seront pas anéantis au cours des prochaines semaines avec la rentrée scolaire.

Nous convenons tous que l’école est le meilleur endroit pour nos enfants, mais d’autres mesures pourraient être prises pour assurer la sécurité des enfants, des enseignants et de la communauté.

L’instigateur de la lettre, George Thanassoulis

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, s’est fait questionner sur les préoccupations des signataires de la lettre, mardi après-midi.

Le ministre Dubé a tenu à rappeler que « jusqu’à présent le déconfinement des Québécois s’est très bien déroulé », en ajoutant qu’il était persuadé « que les choses vont bien se passer » dans les écoles.

« Notre plan est solide, on a discuté avec plusieurs experts au cours des dernières semaines, nous sommes toujours ouverts aux suggestions et nous allons nous ajuster s’il le faut », a indiqué Christian Dubé.

Le ministre a annoncé qu’un document sera publié en ligne, d’ici mercredi, pour guider les parents dont les enfants ont des symptômes qui s’apparentent à ceux liés à la COVID-19.

L’instigateur de la lettre, George Thanassoulis, s’est dit particulièrement surpris d’apprendre que la distanciation physique ne serait pas appliquée dans les salles de classe, malgré les messages du gouvernement sur l’importance de garder une distance d’un ou deux mètres par rapport aux autres personnes.

Il souligne que les classes peuvent regrouper jusqu’à 30 élèves, alors même que les rassemblements privés à l’intérieur sont limités à un maximum de 10 personnes.

M. Thanassoulis a indiqué que la lettre avait été écrite pour faire entendre la voix des médecins et des scientifiques qui sont également parents.

Interpellé à ce sujet lors d’un point de presse à Saint-Hyacinthe plus tard mardi, le premier ministre François Legault a affirmé que les mesures prévues pour la rentrée respectaient les directives de la santé publique.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Le premier ministre François Legault, lors du point de presse à Saint-Hyacinthe mardi après-midi

« Je pense qu’on a fait un gros travail comparé à ce qui se fait ailleurs. Je pense que notre plan est solide, je pense que la majorité des […] réponses aux questions sont là », a-t-il dit face aux préoccupations exprimées par certains parents.

« Je voyais la lettre de certains médecins qui disent : “Nous on pense qu’il devrait y avoir un masque dans les classes”. La santé publique nous dit que ce n’est pas nécessaire. […] Il y aura toujours des gens qui vont dire qu’on va trop loin, d’autres qu’on ne va pas assez loin. Mais je pense que notre plan est complet, il est solide. Si jamais il y avait une réponse qui manque, on l’ajoutera, mais je pense que notre plan est bien fait. »