Les « bulles-classes » risquent d’éclater quand les enfants iront au service de garde en milieu scolaire, et les syndicats s’inquiètent de la propagation de la COVID-19.

À quelques jours de la rentrée scolaire, la Fédération des employées et des employés de services publics (FEESP-CSN) et le Syndicat de Champlain (CSQ), qui regroupe des enseignantes et employés de trois centres de services scolaires de la Rive-Sud, ne sont pas rassurés.

Si la bulle-classe (aussi appelé groupe-classe) – qui a remplacé le concept visant à avoir plusieurs bulles d’élèves au sein d’une même salle de classe – a été accueillie plutôt favorablement par le milieu scolaire, les services de garde se sentent oubliés par le grand plan de la rentrée.

Pourtant, ils sont essentiels pour les familles, s’est exclamée en entrevue téléphonique Annie Charland, présidente du secteur scolaire de la FEESP-CSN.

Le hic est qu’au sein des écoles, les enfants de classes différentes risquent de se retrouver ensemble au service de garde, le matin, le midi et le soir.

Cela pourrait faire éclater l’étanchéité des bulles-classes qui ont pour but de minimiser les contacts entre les élèves.

Et si les services de garde se sont fait dire de garder séparés les enfants provenant de classes différentes, les éducatrices craignent que ce ne soit pas possible, surtout avec les plus jeunes, a expliqué Mme Charland.

Le service de garde a notamment pour but de faire faire de l’exercice aux enfants et de leur permettre de jouer : les distances entre eux seront plus difficiles à garder que lorsqu’ils sont assis en classe, rapporte-t-elle. Elle ajoute que les plus petits voudront jouer avec leurs amis et ne comprendront pas pourquoi ils ne peuvent les approcher.

Plus précisément, la directive gouvernementale prévoit, pour les services de garde, de « privilégier, lorsque possible, le regroupement des élèves selon les groupes-classes, et assurer une stabilité du personnel du service de garde pour chaque groupe, en vue de limiter les contacts entre les élèves et les éducateurs/éducatrices des différents groupes ». Le respect des consignes sanitaires est évidemment aussi requis, et on demande de privilégier les aires extérieures.

Bref, le jumelage des groupes dans les services de garde devrait être l’exception à la règle. Or, sur le terrain, tout le monde sait bien que c’est impossible, fait valoir Éric Gingras, président du Syndicat de Champlain (CSQ).

La situation ne sera pas la même dans toutes les écoles : certaines ont plus de locaux et de personnel, notamment.

Mais certains services de garde n’ont pas de local désigné : Mme Charland a évoqué de petites écoles où il est installé dans les corridors.

Et si pour de plus grandes écoles, plusieurs locaux peuvent être utilisés pour garder les enfants séparés selon leur classe d’origine, il peut ne pas avoir assez d’éducatrices pour en désigner une par local. Il y a une pénurie de personnel, rappelle-t-elle.

Les employés responsables de l’entretien ménager sont aussi débordés : quand la cloche sonnera à la fin de la journée d’école – ou pour la pause du midi – il pourra être très difficile de désinfecter toutes les classes qui serviront aux services de garde, craint la FEESP-CSN.

Les syndicats aimeraient avoir des directives plus précises, car les éducatrices, les techniciennes en éducation spécialisée et les préposées aux élèves handicapés sont inquiètes.

« À ce moment-ci, nous n’avons toujours pas de directives claires ni de réponses à nos questions quant à l’organisation des services de garde. Faut-il insister sur le fait qu’il est minuit moins une avant la rentrée ? » a demandé par communiqué M. Gingras.

Mme Charland dit comprendre que le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, veut laisser une marge de manœuvre aux écoles pour établir une façon de faire qui est adaptée à leur milieu. Mais elle estime qu’il faut quand même des directives plus précises : les courriels de questions des éducatrices affluent (que fait-on si les enfants se touchent, peuvent-ils échanger les ballons, les ciseaux et les pots de colle) dit-elle, et cela augmente leur stress.