(Montréal) Des intervenants ont exprimé une certaine satisfaction sur la façon avec laquelle la réouverture des écoles s’est déroulée à l’extérieur de la région de Montréal, malgré la pandémie de COVID-19.

Les vacances scolaires s’amorceront la semaine prochaine.

Le Québec a été la première province canadienne à rouvrir ses écoles après que la première vague de la maladie a interrompu les activités sur l’ensemble de son territoire. Les enfants de l’extérieur de la région montréalaise sont retournés en classe à la mi-mai.

Le président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement, Nicolas Prévost, dit qu’environ les deux tiers des élèves ont repris le chemin des écoles une fois que leurs parents se sont sentis à l’aise avec cette idée.

Selon lui, les choses se sont relativement bien passées, même si le maintien de la distanciation physique a représenté un défi dans les autobus scolaires.

Cela va demeurer un problème au retour des vacances si les directives de la santé publique demeurent en place.

De son côté, le ministère de l’Éducation a indiqué, dans un courriel, qu’environ 50 % des élèves des écoles publiques et 66 % de ceux des écoles privées qui avaient rouvert étaient revenus en classe à la date du 5 juin.

La principale préoccupation de M. Prévost pour l’automne prochain est le risque de manque de personnel. Il a noté que de nombreux enseignants ne sont pas retournés en classe pour des raisons de santé tandis que d’autres ont choisi de demeurer chez eux pendant la pandémie.

M. Prévost prévoit que 15 % du personnel ne sera pas de retour dans les écoles au début de la prochaine année scolaire. « Comme on aura une présence à temps plein, on ne pourra plus avoir accès au personnel, dit-il. La pénurie de personnel pourrait être une problématique importante. »

Le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge a déclaré la semaine dernière que l’expérience printanière lui avait donné la confiance nécessaire pour aller de l’avant avec son intention d’ouvrir à temps plein les écoles primaires et secondaires à la rentrée.

Certaines règles seront modifiées. Ainsi, on formera dans les classes de maternelle, du primaire et des trois premières années du secondaire des sous-groupes de six élèves qui n’auront pas à maintenir une distanciation entre eux.

Selon les autorités, ces sous-groupes faciliteront l’identification et le confinement des cas de COVID-19 dans les écoles.

Le ministère de l’Éducation dit avoir recensé au 12 juin 22 cas de COVID-19 : 10 élèves et 12 membres du personnel. On en dénombrait 53 la semaine précédente.

Le président de la Fédération des comités de parents, Kévin Roy, juge lui aussi que la réouverture des écoles s’est bien déroulée, mais des leçons sont à tirer quant à l’enseignement à distance au cas où une deuxième vague frapperait la province.

« On comprend que c’est la première fois que cela arrive dans l’histoire récente du Québec de fermer les écoles comme ça, relate-t-il. Au début, c’était censé être des vacances, après ça c’était facultatif, et puis que ça comptait pour certains. Les messages n’étaient pas clairs. Cela a amené beaucoup de confusion dans le milieu scolaire et aux parents aussi. »

Il mentionne aussi que les parents des élèves du secondaire ont eu un rôle de suivi plus accru au cours de la pandémie.

Dans de nombreux cas, les familles ont dû jongler avec les courriels, des horaires conflictuels et des plateformes différentes. « Cela a demandé beaucoup d’ajustements, de résiliences pour les parents », a souligné M. Roy.

Un sondage mené auprès des membres de la fédération indique que deux tiers des répondants jugeaient que la gestion des horaires de classe a représenté un problème, soit parce qu’ils travaillaient à temps plein à la maison, soit parce qu’ils se sentaient dépassés.

Le retour en classe n’a pas été populaire partout. Ainsi, à la commission scolaire Eastern Townships, seulement un tiers des élèves du primaire sont revenus en classe.

Selon son président Michael Murray, les enseignants ont porté des masques fabriqués à maison. Les nouvelles restrictions ont été respectées. Ceux qui sont revenus en classe ont semblé en profiter.

M. Murray croit que beaucoup de choses sont à régler avant la rentrée : le transport scolaire, les cafétérias, les horaires, etc.

Il s’inquiète aussi du concept des sous-groupes.

« Cela pourrait être possible au secondaire, mais au primaire c’est une suggestion ridicule, les enseignants doivent travailler avec les enfants. Ils ne se tiennent pas devant la classe et ne donnent pas un cours magistral. »

Les centres de services scolaires anglophones et francophones — qui remplacent les commissions scolaires — auront la responsabilité d’élaborer un plan B en cas de nouvelle vague.

M. Roy espère que les parents seront consultés cette fois.

« Ce sont eux qui ont fait face à beaucoup de problèmes. Ils font les inclure dans les prochaines décisions, dans les solutions qui va falloir trouver pour améliorer cela. »