(Québec) Le plan constamment en évolution du gouvernement Legault pour Noël fait monter la tension dans les cégeps, alors qu’étudiants et professeurs dénoncent plusieurs changements possibles à leurs horaires.

Après l’annulation tardive de l’épreuve uniforme de français, la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, songe désormais à faire devancer les examens de fin de session au cégep.

Jeudi, en entrevue à Radio-Canada, elle a affirmé qu’elle répondait ainsi aux étudiants inquiets de ne pouvoir fêter Noël avec leurs familles s’ils participent aux examens en présentiel du 17 au 23 décembre.

Mais la solution qu’elle propose est loin de convenir aux syndicats et à la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), car elle nécessite une réorganisation de la matière et enlèverait du temps d’étude.

« C’est définitivement une source de stress », a déclaré en entrevue la présidente de la FECQ, Noémie Veilleux, qui rappelle que les étudiants vivent déjà des moments très pénibles avec la pandémie.

Le plan du gouvernement pour Noël demandait initialement aux gens voulant célébrer en groupe d’observer une quarantaine une semaine avant le 24 décembre et une semaine après.

Or, le premier ministre François Legault a annoncé jeudi qu’il n’imposait plus une quarantaine ferme, mais demandait plutôt de rester à deux mètres des autres personnes et de porter un masque à l’intérieur.

Cafouillage

C’est un « cafouillage », a dénoncé en entrevue la présidente de la Fédération des enseignantes et des enseignants de cégep (FEC-CSQ), Lucie Piché.

Dans ce contexte, elle invite la ministre McCann à revenir au plan initial qui était de permettre les examens en présentiel à la veille de Noël.

Mme McCann avait aussi déclaré en Chambre mercredi vouloir « minimiser » la tenue d’examens en présentiel et donc, de les faire basculer le plus possible en ligne.

« Si on demande aux profs de devancer les évaluations, il faut densifier la prestation des cours, éliminer des contenus, […] préparer en catastrophe des étudiants », a déploré Mme Piché.

« On est à deux, trois semaines de la fin de la session. Sans préavis, sans consultation, on vient chambouler le calendrier […] pour respecter des consignes qui ne sont plus trop claires », a-t-elle renchéri.

Même son de cloche du côté de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN). « C’est l’improvisation qu’on déplore », affirme son vice-président Yves de Repentigny.

« Les profs sont déjà épuisés, la charge mentale est déjà à son maximum, puis là on leur dit à la dernière minute qu’il faudrait qu’ils chambardent tous leurs plans.

« On a besoin de stabilité, ajoute-t-il. Ces décisions-là auraient pu tomber avant. »

Pour sa part, la fédération étudiante collégiale critique la gestion de McCann. Selon Noémie Veilleux, la ministre doit prendre conscience de l’impact de ses déclarations publiques.

« Elle sort très peu, et donc quand elle le fait, tout le monde le voit comme des directives instantanément. Il faut être clair-là, on ne peut pas changer d’avis à chaque jour », dit-elle.

La porte-parole libérale en enseignement supérieur, Christine St-Pierre, croit que la question des examens avant Noël a été la goutte qui a fait déborder le vase.

« Il n’y a pas de lignes directrices, la ministre n’est pas claire et les étudiants sont à bout », observe-t-elle.

« J’invite la ministre à faire preuve de plus de leadership et de vraiment essayer de rassurer d’ici la fin de la session, mais surtout arriver avec un plan de match clair pour l’autre session qui s’en vient. »