L’enseignant de l’école secondaire Henri-Bourassa qui avait été vivement dénoncé par d’anciens élèves pour avoir tenu pendant des années des propos racistes en classe a été officiellement congédié jeudi par le centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSSPI).

« Le conseil d’administration s’est effectivement réuni en séance extraordinaire hier soir. Après mûre délibération, il a été résolu à l’unanimité de résilier l’engagement d’un enseignant identifié comme ayant le matricule 13860. Nous vous rappelons que nous ne sommes pas autorisés à commenter le contenu du dossier d’un employé », a indiqué la porte-parole du CSSPI, Valérie Biron.

Vincent Ouellette était suspendu depuis la fin du mois d’octobre et faisait l’objet d’une enquête du service des ressources humaines du CSSPI.

Ancienne élève de Vincent Ouellette et membre du collectif Béliers solidaires, qui ont mis au jour sur les réseaux sociaux les agissements de l’enseignant, Gio Olmos estime que le congédiement de l’enseignant ne fait que « balayer l’enjeu principal en dessous du tapis ».

« On manque la chance d’entamer un dialogue fondamental, qui est l’éducation antiracisme », dit celle qui a quitté l’école secondaire Henri-Bourassa en 2012 après l’obtention de son diplôme.

La députée libérale de Bourassa-Sauvé, Paule Robitaille, se dit admirative des élèves qui « ont eu le courage de dénoncer quelque chose qui perdurait depuis tellement longtemps ». « C’est grâce à ces jeunes que finalement les choses ont débloqué, qu’il y a eu la prise de conscience et ensuite le congédiement de ce prof-là », souligne Mme Robitaille.

Il s’agit peut-être de la pointe de l’iceberg, ajoute la députée. « C’est pour ça qu’on demande une enquête externe. Il y a peut-être des questions qui se posent au niveau de la direction », affirme Paule Robitaille.

« Climat d’intimidation »

La situation à l’école Henri-Bourassa a été pour plusieurs l’occasion de rappeler au ministre de l’Éducation sa promesse de renforcer le rôle du Protecteur de l’élève pour en faire un poste plus indépendant. Jean-François Roberge s’est engagé à le faire d’ici la fin de son mandat.

Pour les Béliers solidaires, l’histoire ne s’arrête pas là. Le groupe « explore les avenues juridiques » qui pourraient être prises à l’endroit de l’enseignant, mais aussi de la direction de l’école secondaire.

« Ce sont eux qui, à travers leur inaction, ont permis que ce climat d’intimidation s’installe », dit Gio Olmos. L’ancien directeur de l’école, Sébastien Tremblay, a été remplacé en novembre.

Vincent Ouellette n’a pas répondu à notre demande d’entrevue vendredi.

Le syndicat de l’enseignement de la Pointe-de-l’Île, qui le représente, n’a pas voulu commenter le dossier précis de cet enseignant.

— Avec Isabelle Hachey, La Presse