(Montréal) La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) exhorte le gouvernement à faire fi de la pénurie d’enseignants et à retirer immédiatement des écoles les enseignantes enceintes pour les protéger des risques liés à la COVID-19.

« Ce n’est pas aux femmes enceintes de payer le prix de la pénurie », a déploré la présidente de la CSQ, Sonia Éthier, en entrevue téléphonique samedi.

« S’il fallait qu’il arrive quelque chose à une personne. Le gouvernement ne devrait pas prendre de chance. »

La centrale syndicale s’inquiète de la publication de deux nouvelles études des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis, qui font état de risques de naissance prématurée et d’admission en néonatalogie pour les bébés de femmes infectées par le virus.

Selon la CSQ, il est maintenant temps de réagir et de retirer des écoles les femmes enceintes, peu importe l’avancée de leur grossesse.

« Il y a différentes possibilités, elles peuvent être réaffectées en télétravail, à l’enseignement à distance. Il y a certainement des solutions à mettre de l’avant », a avancé Mme Éthier.

La présidente de la CSQ souligne que les mesures de distanciation en place dans les écoles pour éviter les infections ne sont tout simplement pas applicables pour les enseignantes.

« Il ne faut pas mettre les pieds souvent dans une école pour savoir qu’on ne peut pas respecter le deux mètres », a-t-elle soutenu.

« Une enseignante ne peut pas demeurer derrière un plexiglas durant toute une journée. Il y a des enfants qui ont des besoins particuliers, il faut circuler dans les rangs, il faut aider les enfants. »

Le ministre se veut rassurant

Au cabinet du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge, on a assuré que le gouvernement ne faisait « aucun compromis sur la santé et la sécurité du personnel ».

« Nous comprenons que certains membres du personnel puissent avoir des inquiétudes quant à la rentrée scolaire dans le contexte actuel », a indiqué le cabinet du ministre dans un courriel. En ce qui a trait aux femmes enceintes, la Santé publique recommande la mise en place de certaines mesures sanitaires supplémentaires afin de les protéger, mais ne recommande pas leur retrait du milieu de travail. Nous suivons les recommandations des experts de la Santé publique. »

Le cabinet du ministre encourage par ailleurs les centres de service à accommoder certains membres du personnel « lorsque les ressources humaines le permettent ».

Une « clientèle vulnérable »

Dans un document publié en juillet, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) disait qu’il était encore trop tôt pour dire si la maladie peut avoir un impact sur une grossesse au premier ou deuxième trimestre.

Selon les données actuelles, parmi les femmes qui ont contracté la maladie au troisième trimestre, beaucoup ont dû donner naissance par césarienne, et une bonne proportion d’entre elles l’a fait avant terme.

Chez les nouveau-nés infectés, ils seraient plus fréquemment admis aux soins intensifs et auraient davantage de problèmes de détresse respiratoire et de pneumonie.

L’INSPQ avait conclu dans son document que les femmes enceintes sont une « clientèle vulnérable nécessitant la mise en place de mesures préventives particulières dans leur milieu de travail ».

L’Institut classait le métier d’enseignant comme une « tâche à risque modéré ».