(Québec) Tous les élèves vulnérables pourront désormais avoir accès aux services d’aide alimentaire, peu importe l’école qu’ils fréquentent. Dans un contexte non étranger à la pandémie, Québec assouplit les critères d’attribution et injecte 11 millions supplémentaires pour bonifier le service d’aide alimentaire, à la veille de la rentrée.

La mesure d’aide alimentaire sera étendue à toutes les écoles de la province, du niveau préscolaire au secondaire, a confirmé à La Presse le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge. « L’argent sera distribué pour que les enfants qui ont besoin [d’aide alimentaire] en reçoivent, peu importe la grosseur de la maison », a assuré M. Roberge.

Jusqu’à présent, les allocations pour la mesure budgétaire d’aide alimentaire étaient distribuées uniquement aux écoles situées dans des quartiers défavorisés (selon l’indice du seuil de faible revenu). L’an dernier, 218 écoles seulement ont reçu une enveloppe budgétaire pour offrir le service d’aide alimentaire aux élèves.

Les fonds peuvent être utilisés pour servir le petit déjeuner, une collation ou même le repas chaud du midi durant les heures de classe ou au service de garde.

« On tenait compte des indices de défavorisation, mais on sait tous qu’il y a des jeunes qui habitent dans des quartiers de classe moyenne dont les parents sont en difficulté financière », a illustré le ministre, en entrevue.

« Cette année encore plus avec tout ce qui se passe avec la COVID. Ç’a frappé des familles sans discernement. Il y a des gens qui pouvaient avoir un niveau de vie assez élevé et là, ils ont besoin d’aide. Alors, l’annonce tombe à point nommé », dit-il.

Le gouvernement Legault s’était engagé l’an dernier à revoir les critères d’attribution des sommes pour le service. « Après la pandémie, quand j’ai fait les règles budgétaires, c’est là que j’ai décidé d’assouplir les règles et de donner plus de marge de manœuvre aux centres de services scolaires », a expliqué le ministre.

L’élargissement de l’aide alimentaire s’accompagne d’un budget supplémentaire de 11 millions, soit une hausse de 60 % par rapport aux sommes accordées l’an dernier.

Cette augmentation porte à 30,3 millions les sommes investies pour les services d’aide alimentaire, réparties au préscolaire et primaire (14,5 millions) et au secondaire (15,8 millions).

Combien d’élèves pourront alors bénéficier du service cette année ? Difficile d’y répondre, indique le ministre, puisque l’aide alimentaire peut prendre différentes formes d’une école à l’autre. « Je ne suis absolument pas inquiet qu’on va être capables d’aider tous ceux qui sont dans le besoin », a soutenu le ministre.

Par ailleurs, lorsqu’il fait allusion à une « plus grande marge de manœuvre » pour les centres de services scolaires, il veut dire qu’ils ont maintenant « la flexibilité de réallouer des sommes » provenant d’autres enveloppes. « Le message c’est : ‟donnez l’aide et on sera là”. Il n’est pas question que parce qu’il manque quelques milliers de dollars qu’il y ait des jeunes qui ne mangent pas », a-t-il déclaré.

« PAS DE BRIS DE SERVICES »

Le ministre Roberge explique qu’il incombe maintenant aux établissements scolaires de mettre en place un « réseau de distribution » de l’aide alimentaire si une éclosion de COVID-19 forçait la fermeture d’une école ou d’une classe. « C’est un peu comme notre garantie ‟qualité-équité” pour les cours à distance », compare-t-il.

« Les centres de services doivent prévoir avec quel partenaire externe, quel bénévole pourrait distribuer l’aide alimentaire. […] Ça doit faire partie de leur protocole d’urgence. […] On ne veut plus qu’il y ait de bris de services », a affirmé le ministre.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation

Une sous-mesure a été ajoutée aux règles budgétaires pour que les écoles des quartiers les plus défavorisés ne subissent pas de diminution de leur financement en raison des changements aux modalités de répartition. Les parents seront joints par les établissements pour leur faire connaître le service.

Il y a quelques jours à peine, les partis de l’opposition pressaient à nouveau le ministre de l’Éducation de revoir les critères d’admissibilité rapidement, à l’aube de la rentrée scolaire, alors que le journal Métro rapportait que des écoles de Montréal avaient été forcées de ne pas reconduire leur service d’aide alimentaire.

VENTILATION : TRAVAUX ACCÉLÉRÉS

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a confirmé avoir envoyé vendredi dernier, par l’entremise de son sous-ministre, une lettre aux établissements scolaires pour leur rappeler qu’ils sont « dans l’obligation » de faire les travaux relatifs à la ventilation et à la rénovation des fenêtres et qu’ils ont « les ressources pour le faire ». « Les travaux devraient être faits et s’ils ne sont pas faits, bien c’est une urgence », a affirmé le ministre Roberge, réagissant à l’article de La Presse, publié lundi, qui faisait état d’écoles mal ventilées et des craintes du milieu dans le contexte de la pandémie. « Ce que j’ai su, c’est que cet été, il y a eu une accélération des travaux. Je suis en contact avec les centres de services et l’Association des cadres scolaires. […] L’argent ne manque pas sur le budget de 2019, on avait 2,3 milliards disponibles pour rénover et mettre à jour les systèmes de ventilation et les fenêtres », a-t-il poursuivi.

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