(Montréal) Des parents et membres du personnel scolaire se sont rassemblés dimanche pour exprimer leurs craintes par rapport à la rentrée scolaire. Ils s’inquiètent notamment du manque de planification et de l’absence de mesures adéquates pour gérer les potentielles éclosions dans les classes.

Ils étaient plus d’une cinquantaine en matinée devant les bureaux du ministère de l’Éducation à Montréal. Les militants estiment que plusieurs questions demeurent sans réponse, notamment quant aux protocoles en cas d’infections à la COVID-19.

Beaucoup ne comprennent pas que le ratio élève-enseignant soit resté le même qu’avant, alors que la distanciation sociale est de mise dans les endroits publics fermés.

La rentrée scolaire à l’ère de la COVID-19 est précipitée et aurait pu être mieux préparée, selon Alex Pelchat, membre de Travailleuses et travailleurs progressistes de l’éducation (TTPE), collectif formé en 2019 à l’origine de la manifestation.

« La meilleure façon de mettre en lumière l’inefficacité du plan, c’est qu’il n’y a aucun état des lieux précis sur la ventilation et la qualité de l’air dans les écoles », dénonce l’enseignant au primaire.

Les éclosions seront inévitables, ajoute-t-il. « Ça relève de la pensée magique d’assumer que les 35 élèves seront calmes et introvertis et qu’ils se tiendront à distance les uns des autres. »

  • PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

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« Plusieurs élèves habitent avec des personnes à risque. Il n’y a aucun plan concret pour de l’enseignement à distance alors que certains étudiants n’ont même pas accès à un ordinateur à la maison. »

Il n’a jamais été question de baisse de ratios ni de rentrée progressive, déplore également Élyse Bourbeau, enseignante de mathématiques au secondaire.

« L’école fait face aux plus grands défis de son histoire et le plan du Québec est un des plus faibles au Canada », pense-t-elle.

Les professeurs ont un gros défi : faire aimer l’école à des ados qui ont travaillé pendant des mois et n’ont pas mis le pied dans une salle de classe depuis le mois de mars.

Le personnel des écoles est déjà à bout de souffle. « On a beaucoup parlé des aspects santé et sécurité, mais il y a l’aspect pédagogique. J’ai des élèves complètement déconnectés, qui n’ont pas lu un livre depuis des mois. Leur réapprendre à aimer l’école, ça se fait avec plus de ressources et plus de temps de préparation », explique-t-elle.

Les exemptions restreintes pour les enseignants plus vulnérables à la COVID-19 sont aussi un enjeu, selon Mme Bourbeau. « Les profs plus âgés, même ceux atteints d’une maladie chronique, on leur dit de retourner en classe avec 35 élèves. Il aurait été de mise de consulter les professeurs pour planifier cette rentrée. »

Parents inquiets

Les enseignants n’étaient pas les seuls à se mobiliser dimanche matin. Kevin Joe aimerait mieux ne pas avoir à risquer la santé de son fils de 12 ans. Si son pré-ado contracte la COVID-19, la grand-mère de ce dernier deviendra alors à risque. « Je ne peux pas garantir que mon fils va se tenir à distance des autres, se munir d’un masque au besoin. C’est un ado. Il y a eu des éclosions dans les garderies, il y en aura dans les écoles. »

Même son de cloche auprès de Julie Gagné et Peter Ndlovu, parents de deux garçons. « On est dans le néant pour beaucoup de choses. Est-ce qu’ils vont prendre la température des enfants ? Comment se déroule le dépistage si un cas se déclare ? Que faire si un enfant tousse dans une classe ? J’ajoute ça au fait que les enseignants n’ont pas été consultés avant la rentrée », se plaint la mère de famille, également enseignante au primaire.