(Montréal) Les enseignants du primaire et du secondaire au Québec sont encore bons derniers au pays en matière de rémunération, selon Statistique Canada.

Les plus récentes données disponibles, soit celles de l’année scolaire 2017-2018, laissent ainsi voir que les enseignants du Québec sont 11e sur 11 provinces et territoires comparés. Et ce retard se confirme en début de carrière, après 10 années d’ancienneté et après 15 années d’ancienneté.

Par exemple, pour l’année scolaire 2017-2018, le salaire en début de carrière au Québec atteignait 44 368 $, comparativement à 52 814 $ en Ontario et 51 798 $ au Nouveau-Brunswick.

Les enseignants du Québec étaient alors les moins bien payés au pays, suivis de leurs homologues de la Colombie-Britannique (49 200 $), du Nouveau-Brunswick (51 798 $), puis de la Nouvelle-Écosse (52 228 $).

Après 15 ans d’exercice, le salaire au Québec atteignait 79 466 $, 79 872 $ au Nouveau-Brunswick, 97 474 $ en Ontario et 82 600 $ en Colombie-Britannique.

Syndicats peu surpris

En entrevue avec La Presse canadienne mercredi, Luc Gravel, vice-président aux relations de travail à la Fédération des syndicats de l’enseignement de la CSQ (Centrale des syndicats du Québec), s’est dit peu surpris de ces écarts, puisque son organisation s’en plaint depuis des années.

« Nous sommes les moins bien payés à l’entrée et une fois que nous avons atteint le sommet de notre échelle. Et ça nous prend cinq ans de plus pour atteindre ce maximum-là que nos collègues ailleurs au pays », a déploré M. Gravel.

Le gouvernement Legault a déjà fait part de sa volonté de supprimer les premiers échelons de l’échelle de salaire des enseignants — ce qui serait « un pas dans la bonne direction », croit M. Gravel, mais qui serait « nettement insuffisant ».

Il fait valoir que 25 % des enseignants nouvellement arrivés dans la profession quittent dans les cinq premières années. Mais, « de plus en plus aussi, ce sont des gens d’expérience qui quittent de façon hâtive à la retraite ».

Statistique Canada souligne toutefois, dans son analyse, que les salaires sont présentés « sans ajustement pour les différences dans le coût de la vie entre les provinces ». Il est en effet connu que le coût de la vie est moins élevé au Québec que dans certaines provinces.

Interrogé à ce sujet, M. Gravel en convient. Il fait valoir que les demandes salariales adressées au gouvernement tiennent compte de ce coût de la vie moins élevé au Québec.

D’autres facteurs peuvent aussi expliquer ces écarts, comme la durée de la semaine de travail qui peut différer selon la province ou le nombre de journées pédagogiques. Mais M. Gravel ne croit pas que cela puisse justifier de tels écarts de salaire.

« Le salaire, c’est un élément qui pourrait permettre de valoriser la profession et d’attirer davantage de candidats, mais ça ne sera pas suffisant. Même s’il y avait un sérieux correctif de fait, on pense qu’il va y avoir des investissements majeurs à faire aussi au niveau des conditions d’exercice », a opiné M. Gravel. Il rappelle qu’en classe régulière, bon nombre d’élèves qui éprouvent des difficultés ont un « plan d’intervention » et doivent donc bénéficier de mesures particulières — ce qui alourdit la tâche des enseignants.

La FSE représente 65 000 enseignants dans les commissions scolaires francophones du Québec.