Les élèves québécois et canadiens ont encore de quoi se réjouir dans les résultats du test PISA dévoilés mardi, à Paris. À nouveau, ils se classent parmi les plus forts en mathématiques, en lecture et en sciences. Tour d’horizon.

Parmi les meilleurs lecteurs

En 2018, c’est la lecture qui a été au cœur de l’évaluation du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) à laquelle se sont soumis les élèves.

Le Canada fait bonne figure et se classe sixième au monde, derrière la Chine*, Singapour, Macao, Hong Kong et l’Estonie. Les élèves canadiens ont, à 86 %, atteint un niveau où ils peuvent au minimum identifier l’idée principale d’un texte, trouver de l’information et avoir une réflexion sur l’objectif et la forme du texte.

Les Québécois arrivent troisièmes au pays, derrière l’Alberta et l’Ontario, mais ex æquo avec la Colombie-Britannique.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) note dans son rapport que les compétences en lecture ont été profondément transformées par les changements technologiques, notamment le téléphone intelligent. « La lecture n’est plus seulement l’extraction d’information ; il s’agit d’acquérir des connaissances, d’avoir une pensée critique et de faire des jugements basés sur des faits », écrit l’organisation.

Dans l’ensemble des pays de l’enquête, moins d’un élève sur dix a été capable de faire la différence entre un fait et une opinion. À ce titre, les Canadiens ont mieux que la grande majorité des pays évalués dans le cadre de ce test.

Encore une fois, les performances des élèves canadiens en mathématiques et en sciences sont au-dessus de la moyenne de l’OCDE. Dans l’ensemble du pays, ce sont les Québécois qui ont obtenu les meilleurs résultats en mathématiques.

L’organisation note toutefois que les performances canadiennes déclinent en mathématiques depuis 2003 et en sciences depuis 2006. En moyenne, les élèves de la Chine et de Singapour ont surpassé ceux de tous les autres pays tant en lecture qu’en mathématiques et en sciences.

* Quatre villes et provinces chinoises ont participé à l’étude, soit Pékin, Shanghai, Jiangsu et Zhejiang.

Intimidation et bonheur à l’école

Le Canada surpasse aussi la moyenne de l’OCDE dans des domaines moins enviables. Le quart des élèves canadiens ont dit être victimes d’intimidation à l’école, un pourcentage plus élevé que la moyenne observée par l’OCDE (23 %). Au Japon, par exemple, moins d’un élève sur dix a dit être victime d’intimidation.

Par ailleurs, 27 % des jeunes Canadiens ont rapporté que dans la plupart de leurs cours, sinon tous, l’enseignant doit attendre une longue période de temps avant que les élèves se taisent, comparativement à 26 % pour la moyenne de l’OCDE.

Par contre, la très forte majorité (93 %) des Canadiens disent se sentir « parfois » ou « toujours » heureux, et ils sont nombreux (87 %) à estimer qu’ils peuvent la plupart du temps trouver une solution à leurs problèmes.

« Dans la plupart des systèmes éducatifs, incluant le Canada, les filles ont exprimé une plus grande peur de l’échec que les garçons, et cette différence de genre est plus marquée chez les étudiants les plus performants », note l’OCDE dans son rapport.

Égalité

L’enquête PISA s’attarde aussi à l’égalité dans le monde de l’éducation. À titre d’exemple en lecture, 24 % des élèves canadiens venant d’un milieu socio-économique favorable ont été parmi les meilleurs aux tests, contre 7 % pour les élèves de milieux désavantagés.

« Au Canada, les étudiants les moins et les plus performants sont regroupés moins souvent dans les mêmes écoles que la moyenne des pays de l’OCDE », lit-on toutefois dans l’enquête.

Le rapport de l’organisation note aussi que 33 % des élèves canadiens inscrits dans une école en milieu désavantagé au niveau socio-économique fréquentent un milieu où la direction dit avoir de la difficulté à recruter des enseignants. Cette proportion chute à 18 % des élèves inscrits dans les écoles de milieux avantagés.

Qui passe ces tests ?

Les tests PISA évaluent les compétences des élèves de 15 ans, ce qui signifie pour plusieurs pays la fin du parcours scolaire obligatoire. En 2018, ce sont environ 600 000 élèves dans 79 pays qui y ont participé. Au Canada, cela représente 22 000 élèves répartis dans 800 écoles de 10 provinces. Le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut ne participent pas à cette étude, pas plus que les élèves autochtones des écoles de bande, précise le porte-parole du Conseil des ministres de l’Éducation du Canada.

Peut-on se fier aux tests PISA ?

« Sur le plan méthodologique, c’est pratiquement incontestable. Au fil des ans, on l’améliore continuellement et c’est public, si bien qu’on peut y faire des critiques », dit Jean Bernatchez, professeur en sciences de l’éducation à l’Université du Québec à Rimouski.

Encore faut-il être d’accord avec les « valeurs sous-jacentes », ajoute-t-il. « Ça met en évidence un certain nombre de valeurs, notamment la performance, qui se mesure par la compétence plutôt que par le savoir. » Les pays qui se retrouvent traditionnellement en tête du palmarès, par exemple le Japon, Hong Kong et Singapour, « privilégient le groupe au détriment de l’individu ».

En 2015, les données québécoises aux tests PISA avaient été jugées non représentatives par certains, en raison d’un boycott de cette enquête par la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE). C’est chose du passé : les directions ont participé à l’enquête en 2018, dit Élodie Lacroix, porte-parole de la FQDE.