(Québec) En plus d’être mise sous tutelle, la commission scolaire English-Montreal (CSEM) se retrouve sous la loupe de l’Unité permanente anticorruption (UPAC).

Le gouvernement Legault a en effet décidé de transmettre les rapports des enquêteurs du ministère de l’Éducation et du Conseil du trésor concernant la CSEM à l’organisation du nouveau commissaire Frédérick Gaudreau. Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a envoyé une lettre à l’UPAC lui demandant de « décider s’il y a matière à enquête ».

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Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.

« Dans les rapports, on voit qu’il y a eu attribution de contrats sans respecter les standards. Ce n’est pas à nous de juger si c’était de la fraude ou de la maladresse. Les soupçons sont assez grands pour transmettre l’information à l’UPAC », a expliqué M. Roberge. Il a évoqué le fractionnement de contrats et le remboursement de dépenses en violation des règles éthiques.

En conférence de presse, il a confirmé la décision du gouvernement de mettre sous tutelle la CSEM à la suite des rapports accablants de son ministère et du Conseil du trésor.

Cette tutelle sera assurée par Marlene Jennings, qui a été députée libérale dans la circonscription fédérale de Notre-Dame-de-Grâce-Lachine, de 1997 à 2011.

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Marlene Jennings

Les pouvoirs du conseil des commissaires sont suspendus et confiés à l’administratrice Marlene Jennings pour une période de six mois. Il y a toutefois une exception : le conseil pourra continuer de gérer ses recours judiciaires. La CSEM a déjà déposé des poursuites contre Québec au sujet de la Loi sur la laïcité de l’État et concernant le transfert forcé de certaines de ses écoles vers le réseau francophone, surpeuplé dans l’est de l’île. Une troisième action judiciaire est dans ses cartons, cette fois concernant la réforme des commissions scolaires.

La présidente de la CSEM, Angela Mancini « ose espérer que (la tutelle) va corriger la situation ». Elle dit avoir demandé elle-même de l’aide du gouvernement au cours des derniers mois en raison de la paralysie provoquée par les conflits internes.

« Je pense que tout le monde a un blâme à avoir là-dedans, incluant moi. Pour plein de raisons différentes, on se retrouve dans la situation où on est aujourd’hui. Mais ce dont je ne suis pas responsable, c’est du fait que les gens n’ont pas nécessairement voulu avoir de l’aide », a-t-elle affirmé en entrevue. Ses reproches visent certains membres du conseil des commissaires et la directrice générale.

Si elle reconnaît certaines irrégularités constatées par les enquêteurs du Conseil du trésor, elle souligne que « rien ne dit que ça a été illégal au sens où les gens auraient fait les choses pour avoir de l’argent », pour leurs propres bénéfices.

Résultat des divisions au sein du conseil des commissaires, la CSEM a émis un communiqué pour reprocher à la CAQ de « faire de son mieux pour détruire (sa) réputation ». « Ce qui est clair c’est qu’aucune preuve ne permet pas de penser que quoi que ce soit a été fait (ou n’a pas été fait) pour tenter délibérément de contrevenir à la loi. Bref, le fait qu’il n’existe pas de preuve », peut-on lire.