(Ottawa) Brian Mulroney est le premier à le reconnaître. Il ne serait jamais devenu le 18e premier ministre du Canada s’il n’avait pas écouté les conseils de son père, Ben Mulroney, qui travaillait de longues heures comme électricien dans une usine de pâtes et papiers de Baie-Comeau.

Son père, qui avait été contraint de quitter l’école lorsqu’il avait 14 ans pour chercher du travail, tenait mordicus à ce que ses enfants poursuivent des études universitaires.

Aujourd’hui à Antigonish, en Nouvelle-Écosse, l’ancien premier ministre rendra littéralement au centuple tout ce que l’Université Saint-Francis Xavier lui a permis d’accomplir en confirmant une injection de 100 millions de dollars dans son alma mater en compagnie de sa famille et de nombreux amis.

Cette somme est le fruit d’une campagne de financement qu’il a menée aux quatre coins du pays et à l’étranger. Environ la moitié de la somme a servi à construire un pavillon ultramoderne qui portera son nom et où l’on enseignera les tenants et aboutissants des politiques publiques et de la gouvernance tout en effectuant de la recherche sur ces mêmes thèmes.

Propulser les étudiants

Environ 20 millions ont été investis pour rénover des édifices existants. Et au moins 16 millions permettront de remettre plus de 200 bourses d’étude annuelles variant de 4000 $ à 60 000 $. Des bourses d’étude seront remises spécifiquement à des étudiants autochtones et des étudiants issus de la communauté noire de la Nouvelle-Écosse – « l’un des groupes qui ont fait l’objet de la plus grande discrimination au pays ».

« Mon père m’a dit il y a longtemps : “La seule manière de sortir d’un village industriel de pâtes et papiers, c’est de franchir la porte d’une université.” Je n’ai jamais oublié cela, et c’est comme cela que j’ai éventuellement abouti à Saint-Francis Xavier. J’étais pourtant un excellent chauffeur de camion quand j’étais jeune », a lancé hier M. Mulroney en entrevue à La Presse depuis Antigonish, une petite municipalité de 5000 habitants.

Rappelant ses propres origines modestes, M. Mulroney a dit rêver qu’un jour un leader autochtone ou un Afro-Canadien de la Nouvelle-Écosse ayant fait des études comme lui à l’Université Saint-Francis Xavier devienne aussi premier ministre du Canada ou d’une province.

« Les bourses vont donner un bon coup de main à bon nombre d’étudiants. Aujourd’hui, des études universitaires, ça coûte les yeux de la tête », a-t-il dit.

Quand M. Mulroney a été pressenti par les dirigeants de l’Université Saint-Francis Xavier pour mener cette campagne de financement, l’objectif était de récolter 25 millions de dollars. L’ex-premier ministre ne voulait pas qu’un immeuble porte son nom. « J’étais d’avis qu’un tel honneur nous revient après notre décès. » Mais il a dû changer d’idée devant l’insistance des dirigeants. « Nous avons largement dépassé notre objectif », a-t-il dit hier, visiblement satisfait.

En tout, M. Mulroney a récolté 65 millions auprès de donateurs privés. Il a convaincu le gouvernement fédéral d’injecter 30 millions et celui de la Nouvelle-Écosse d’allonger 5 millions. « C’est la première fois que je fais le tour de l’édifice au complet. C’est extraordinaire ! », a-t-il relaté. Le Pavillon Mulroney abrite une reproduction du bureau du premier ministre, tel qu’il existait lorsqu’il était à la barre du gouvernement canadien.

M. Mulroney a indiqué qu’il pourrait mener une campagne de financement comparable pour l’Université Laval, où il a fait ses études en droit.