Des données préliminaires recueillies par la Fédération des cégeps et publiées dans un communiqué révèlent une légère baisse de la fréquentation des cégeps par rapport à l’année dernière. Bien qu’elle s’attendît à cette réalité en raison du portrait démographique, la fédération y voit tout de même un enjeu inquiétant pour le Québec.

En date du 20 août, 171 429 étudiantes et étudiants étaient inscrits dans l’un des 48 établissements collégiaux du Québec, soit une baisse de 0,8 % par rapport à la même date l’an dernier.

« Ça correspond à ce qu’on anticipait. À partir de l’an prochain, on va retrouver une augmentation de la population étudiante dans les cégeps », prévoit le président-directeur général de la fédération Bernard Tremblay.

Parmi les régions les plus touchées, on retrouve la Côte-Nord, en chute de 6,5 %, suivie de l’Abitibi-Témiscamingue et de la Mauricie, toutes deux en recul de 5 %.

Sur une note plus positive, les régions de Laval (3,5 %), de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine (2,3 %) et du Centre-du-Québec (1,9 %) affichent les plus fortes hausses de fréquentation. On recense également 77 888 nouveaux étudiants inscrits à travers le réseau, ce qui représente une légère hausse de 0,4 % par rapport à l’an dernier.

Les filles représentent une majorité forte dans les classes collégiales alors qu’elles comptent pour 57,4 % de la population étudiante totale.

Bernard Tremblay insiste sur l’importance de la qualification dans une économie mondiale en transformation. « Un diplôme de secondaire V n’est plus suffisant pour entrer sur le marché du travail et avoir une carrière fructueuse, souligne-t-il. C’est important d’avoir une solide formation de base, mais aussi des qualifications spécifiques à chacun des métiers ou professions. »

L’autre enjeu qui inquiète particulièrement le réseau collégial touche la formation continue de la main-d’œuvre qui doit s’adapter à des industries en constante évolution. « On a un enjeu au Québec de se doter d’outils vraiment performants pour actualiser et rehausser les qualifications des travailleurs. On pense qu’on ne les a pas présentement et que le Québec est à risque de voir son économie péricliter », craint M. Tremblay.

Les chiffres fournis par la fédération indiquent que 26 400 adultes sont actuellement inscrits en formation continue.

Accessibilité et diplomation

Bien que la fréquentation des cégeps soit en légère baisse, la fédération entend toutefois miser sur une augmentation de la diplomation pour répondre à la demande de main-d’œuvre spécialisée.

Le président-directeur général Bernard Tremblay souligne que le réseau collégial a atteint l’accessibilité géographique au fil de ses 50 ans d’existence. Toutefois, il reconnaît que certains groupes demeurent sous-représentés dans ses établissements.

Il cite entre autres les garçons, les élèves avec des difficultés d’apprentissage et les populations autochtones. « On a mis beaucoup d’efforts collectivement pour l’obtention du diplôme de secondaire V, mais il est important d’avoir la même stratégie pour les cégeps et les universités », plaide-t-il.

La Fédération des cégeps a lancé un chantier de travail sur la réussite l’an dernier et prévoit mettre ce thème au cœur de son prochain congrès en octobre. Elle appelle le gouvernement du Québec à adopter une « stratégie nationale en enseignement supérieur » pour prendre de front cet enjeu.

L’immigration, la solution ?

Afin de compenser la diminution des inscriptions, plusieurs établissements d’enseignement supérieur se tournent vers les étudiants étrangers. Une tendance qui serait même de plus en plus forte.

Bernard Tremblay précise que l’accueil de ces étudiants permet notamment de maintenir des programmes dans des régions où le nombre d’inscrits est insuffisant.

« Ça permet à des étudiants de Gaspé, Matane ou Baie-Comeau de rester dans leur région. S’il n’y a que quatre inscriptions dans un programme, l’arrivée de quatre ou six étudiants internationaux va permettre de le maintenir », explique-t-il.

Par la suite, ces jeunes venus de la francophonie internationale ou encore d’Amérique centrale ou du Sud deviennent des atouts pour combler la pénurie de main-d’œuvre.

« On les forme, on les habitue à notre culture, à notre environnement, ils se font un réseau social et si à la fin du parcours, après avoir fait un stage en entreprise, on a des besoins de main-d’œuvre, il y a de grandes chances qu’ils restent dans la région », observe le PDG de la fédération.