(Montréal) La Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) se dissocie de son membre le plus influent en annonçant son intention d’appliquer la nouvelle Loi sur la laïcité de l’État dès la rentrée 2019 dans les écoles du Québec.

La semaine dernière, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) a adopté une résolution afin de tenir des consultations auprès des parents, des conseils d’établissements et des syndicats avant d’apporter les modifications nécessaires à ses règlements internes. La CSDM a du même coup reporté l’application de la loi dans ses établissements à l’automne 2020.

Dans un communiqué de presse publié dimanche matin, le président de la FCSQ Alain Fortier dit prendre acte de la volonté de l’Assemblée nationale et entend la respecter. En entrevue à La Presse canadienne, il refuse de qualifier cette position de pied de nez à la CSDM.

« Parmi les 60 membres de la fédération, il y en a 59 autres qui ont manifesté leur inquiétude et qui prennent acte de la loi », a-t-il souligné.

M. Fortier ajoute cependant que la position défendue par la CSDM est la même que celle de la FCSQ, mais les deux parties ont choisi d’agir de manière différente.

« Ce que la CSDM met de l’avant, c’est ce qu’on a, nous, mis de l’avant en commission parlementaire, c’est-à-dire que ce ne sera pas simple à appliquer dès septembre. Notamment dans des milieux où le port de signes religieux et plus grand que dans d’autres milieux », explique-t-il en insistant sur l’importance de tendre la main au ministre de l’Éducation.

Alain Fortier interpelle d’ailleurs le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge afin d’aider les écoles à résoudre certains problèmes d’application de la loi qui vont survenir. Il ajoute que les commissions scolaires vont possiblement avoir besoin de balises plus claires.

La Loi sur la laïcité de l’État interdit à certains employés du gouvernement en position d’autorité, ainsi qu’aux enseignants et aux directions d’écoles d’arborer tout symbole religieux.

Une application difficile

Selon le président de la FCSQ, le milieu scolaire était absolument convaincu d’être épargné par la Loi sur la laïcité de l’État.

« On se disait qu’il y a tellement de problèmes d’applicabilité ou de cohérence par rapport au réseau privé par exemple. On était tellement convaincu que le gouvernement allait prendre un pas de recul et explorer avec le milieu scolaire comment cela pourrait se faire dans le temps comme dans le temps », reconnaît-il en rappelant que cette exemption était une demande unanime des commissions scolaires.

Parmi les difficultés à prévoir, on note le haut taux de roulement au sein des directions scolaires. Ces gestionnaires ont certainement une bonne connaissance du système d’éducation, mais ont bien peu d’expérience « dans ce genre de niveau de gestion où les subtilités sont importantes », précise Alain Fortier.

Jongler avec les détails des conventions collectives, les droits acquis et le droit nouveau pourrait causer des maux de tête aux directions d’écoles.

La FCSQ appréhende également toutes sortes d’événements ou de cas particuliers que personne n’a encore vus venir.

« Là, on va se demander comment on fait pour gérer ça. C’est pour ça que dans ce genre de loi là, il y a souvent une période de transition qui est incluse », déplore M. Fortier qui espère pouvoir miser sur l’écoute du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge.

À son avis, l’applicabilité de la loi repose sur un partenariat efficace entre Québec et les commissions scolaires.

« Si maintenant la loi est la loi, on va travailler dans ce sens-là, mais on va le faire tout le monde ensemble. C’est ça qui est le plus important là-dedans », conclut le président de la FCSQ.