Pour ou contre la maternelle 4 ans ? À cette question, les centres de la petite enfance (CPE) répondent qu’il faut surtout une politique nationale pour la petite enfance. Histoire de déterminer, entre autres choses, si l’on croit toujours au jeu comme stratégie d’apprentissage ou si l’on croit qu’à 4 ans, les enfants ont besoin d’un enseignement plus formel.

C’est aujourd’hui que l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) présente son mémoire à la commission parlementaire sur la maternelle 4 ans. Ce mémoire n’a rien du carré de sable à protéger.

L’heure n’est pas à « la posture corporatiste », dit d’emblée en entrevue Geneviève Bélisle, directrice générale de l’AQCPE.

« Un enfant de 4 ans est le même, qu’il fréquente un CPE, un milieu familial ou une maternelle », rappelle le mémoire, qui note aussi que le Québec doit s’assurer « de hauts standards de qualité de tous les services éducatifs ».

« Donnons-nous donc quelques mois pour nous donner une vision claire, pour élaborer un bon plan de match […] avec tout le monde, aussi bien avec les garderies privées qu’avec les écoles et le réseau de la santé », plaide Mme Bélisle.

Parce qu’il serait particulièrement contre-productif, insiste-t-elle, d’agir dans la précipitation et de se retrouver avec deux places pour le même enfant à certains endroits et d’en laisser d’autres à découvert.

Pour une « vision intégrée » des services

La politique nationale demandée par l’AQCPE devrait prévoir « une vision intégrée de tous les services éducatifs aux tout-petits », est-il écrit dans le mémoire.

Il serait aussi essentiel, signale Mme Bélisle en entrevue, de faire une réflexion de fond sur l’approche à adopter avec les enfants de 4 ans. « Avec les maternelles 4 ans, on parle davantage d’un enseignement plus formel, donné par des enseignants. Or, jusqu’ici, l’idée était plutôt celle d’un apprentissage par le jeu. »

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Geneviève Bélisle, directrice générale de l’AQCPE

La question se pose ici, comme elle se pose en France. En février, l’Assemblée nationale française a voté l’abaissement de l’âge de l’instruction obligatoire de 6 ans à 3 ans. Selon le quotidien français Le Monde, 97,5 % des enfants français de 3 ans sont déjà scolarisés. La réforme à venir en rajoute une couche et imposera bientôt l’enseignement de certaines notions de mathématiques et de français dès le plus jeune âge.

Au Québec, quelles questions une politique nationale de la petite enfance devrait-elle aborder ? Elle devrait notamment s’attaquer, peut-on aussi lire dans le mémoire, au fait que les parents sont actuellement obligés de « chercher des ressources sans relâche » ; elle devrait aussi donner priorité aux enfants qui ne vont pas dans un service éducatif.

Et oui, tout de même, dit l’AQCPE, « que soit poursuivi le développement des places en CPE et en milieu familial ».