(Québec) Le gouvernement Legault doit renoncer à son projet d’implanter à grands frais la maternelle 4 ans partout, exige la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

Il doit plutôt se concentrer sur le déploiement de ces classes en milieu défavorisé, soutient la CSQ dans un mémoire obtenu par La Presse canadienne.

Le document sera présenté jeudi à la commission parlementaire chargée d’étudier le projet de loi 5 visant la mise en place des services préscolaires aux enfants de 4 ans.

Le mémoire s’intitule « En faire moins, mais en prendre soin », un clin d’œil au slogan du gouvernement Legault qui répète constamment, sur l’enjeu de l’immigration, qu’il veut « en prendre moins, mais en prendre soin ».

La CSQ, qui représente 125 000 employés du secteur de l’enseignement, exige tout simplement le retrait du projet de loi.

« Le déploiement de la maternelle 4 ans “mur à mur” ne nous apparaît pas judicieux, puisque les familles ont déjà accès à divers services pour leur enfant de 4 ans, peut-on lire dans le mémoire. D’autres actions nous apparaissent beaucoup plus porteuses. »

La CSQ fonde ses recommandations sur ses membres, « ce personnel qui est avec les enfants au quotidien, connaît les véritables priorités, tant dans le secteur de la petite enfance que dans le secteur scolaire ».

Selon la CSQ, il faut plutôt miser sur l’ajout de classes de maternelles 4 ans pour les enfants issus de milieux défavorisés qui ne fréquentent aucun service éducatif.

Plutôt que de dépenser 900 millions en infrastructures et 430 millions par année pour offrir la maternelle 4 ans partout, le gouvernement Legault devrait mieux financer le réseau de Centres à la petite enfance (CPE) et réduire le nombre d’élèves par classe.

Le syndicat répond d’ailleurs à l’argument du gouvernement Legault selon lequel la maternelle 4 ans permettra d’effectuer un meilleur dépistage précoce des problèmes d’apprentissage. La CSQ plaide qu’il faut agir encore plus tôt.

« C’est entre l’âge de 0 et 3 ans que s’installent les fondements du langage, de la numératie, du contrôle des émotions et des comportements sociaux, de l’audition, et de la vision. Il faut donc intervenir tôt afin de donner toutes les chances à l’enfant de cheminer. »

La centrale syndicale réclame donc des ressources spécialisées « en nombre suffisant dans le réseau public des services éducatifs à la petite enfance, pour soutenir les intervenantes et intervenants qui réalisent les observations nécessaires au dépistage des difficultés des tout-petits ».

En outre, la CSQ souligne qu’il faudrait 3000 enseignants de l’éducation préscolaire supplémentaires pour offrir le service, alors qu’il manque de relève en enseignement.

Enfin, la CSQ exprime les inquiétudes des intervenantes en petite enfance, qui craignent de perdre une partie des enfants de 4 ans qui fréquentent leurs services. Le syndicat cite une analyse du ministère de l’Éducation, qui évalue les pertes d’emplois potentielles en milieu familial régi et subventionné à 196, si 50 % des enfants de 4 ans fréquentaient la maternelle, et à 2317 emplois, dans un scénario à 80 %.