(QUÉBEC) La prolifération des programmes particuliers assortis de frais facturés aux parents fragilise « l’équité sociale » dans les écoles publiques, mais ce sera corrigé avec l’ajout d’activités parascolaires gratuites, estime le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.

Il a accordé une entrevue à La Presse, hier, en marge du débat entourant son projet de loi « visant à préciser la portée du droit à la gratuité scolaire ». Il veut que la gratuité ne s’applique pas aux programmes particuliers (sport-études, art-études, concentration science, éducation internationale et autres « profils »). Les frais qui y sont associés seraient ainsi légalisés. Rappelons que le ministère de l’Éducation a reconnu à la surprise générale, la semaine dernière, que la facturation qui a cours depuis des années est illégale.

Le ministre reconnaît que des élèves dont les parents sont démunis ne peuvent accéder à ces programmes particuliers et sont donc concentrés dans les classes dites « régulières ».

L’opposition est toutefois « de mauvaise foi », selon lui, lorsqu’elle l’accuse de « légaliser l’école à trois vitesses au Québec ». « Il ne faut pas regarder le projet de loi tout seul, il faut voir l’ensemble de la politique gouvernementale », a-t-il insisté.

Il a rappelé sa promesse électorale, d’offrir une heure d’activités parascolaires gratuites de plus par jour dans toutes les écoles secondaires, d’ici cinq ans. Le coût s’élève à 124 millions par année, à terme. La mesure sera offerte dans un premier groupe de 140 écoles à compter de l’automne prochain.

« L’arrivée de cette option va ramener un meilleur équilibre dans le réseau, va permettre une meilleure équité sociale, a plaidé M. Roberge. Ça va permettre à des jeunes en difficulté, des jeunes moyens ou très forts de pratiquer le volleyball ensemble sans qu’ils soient séparés et aussi d’être dans le même cours de français, dans le même cours de science, dans le même cours d’art. »

Selon lui, dans quelques années, « on verra que, finalement, il y a peut-être un peu moins de programmes particuliers, un petit peu moins de sélection, plus de mixité, plus de gratuité et moins d’exclusion des gens qui ont moins de revenus ».

Il ne faut pas pour autant « démolir » les programmes particuliers assortis d’une facture, a-t-il ajouté. Il pourrait fixer des balises éventuellement pour encadrer ces frais.