(Ottawa) La ministre des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, trouve « inacceptable » que des coupes imposées en éducation par le gouvernement de Doug Ford en Ontario forcent des conseils scolaires à envisager de stopper le transport scolaire d’élèves en immersion française.

« Déjà, il y a un problème d’accès, mais là, on restreint encore plus l’accès alors même qu’il y a des parents qui attendent en file dans la région de Toronto pour inscrire leurs enfants à l’école d’immersion française », a-t-elle regretté en entrevue avec La Presse, hier.

Le conseil scolaire du district de Toronto avait annoncé la veille qu’il pourrait devoir éliminer le transport scolaire en autobus pour les élèves en immersion de la maternelle à la cinquième année du primaire en raison des compressions du gouvernement Ford, a confirmé un porte-parole à La Presse.

La décision n’est pas encore finale, mais si elle se concrétisait, elle viendrait s’ajouter à d’autres mesures pénalisantes pour les Franco-Ontariens, comme la dissolution du Commissariat aux services en français et la suspension du projet de création de l’Université de l’Ontario français.

Ces coupes annoncées en novembre dernier avaient provoqué une véritable onde de choc au sein de la francophonie canadienne. Des milliers de personnes étaient d’ailleurs descendues dans les rues aux quatre coins du pays, le 1er décembre dernier, pour manifester leur mécontentement.

« Ce qu’on a vu à nouveau [lundi], c’est de la typique doctrine conservatrice. […] Quand on fait des coupures, à chaque fois, c’est soit les francophones, soit les francophiles qui sont affectés », a lancé la ministre Joly.

« Chaque fois, ce sont des attaques frontales contre la francophonie canadienne. » — La ministre Mélanie Joly 

Et comme elle l’avait fait il y a quelques mois, elle a fait porter l’odieux de la décision au chef conservateur fédéral Andrew Scheer, présentant essentiellement ce dernier comme un subalterne de Doug Ford. « Moi, ce à quoi je m’attends, c’est qu’Andrew Scheer le dénonce ici à la Chambre des communes. La dernière fois, il n’avait pas osé dénoncer, il n’avait pas osé dénoncer son patron Doug Ford », a tranché Mélanie Joly.

« Déplorable »

Le porte-parole du Parti conservateur en matière de langues officielles, Alupa Clarke, a trouvé « déplorable » de constater que le conseil scolaire du district de Toronto « a décidé d’assainir ses finances en faisant des coupures budgétaires dans les services aux élèves inscrits à des programmes et des écoles d’immersion française ».

Cela « est d’autant plus préoccupant que dans ces cas précis, cela signifie que les coupures […] toucheront directement des ayants droit, ce qui est contraire à leurs droits constitutionnels de recevoir de l’instruction dans leur langue maternelle », a ajouté le député dans un courriel envoyé à La Presse.

Le bureau de la ministre ontarienne des Affaires francophones, Caroline Mulroney, n’a pas souhaité commenter l’affaire, dirigeant les questions vers celui de la ministre de l’Éducation de l’Ontario, Lisa Thompson. Là non plus, on n’a pas répondu à La Presse.