(Québec) Les commissions scolaires réclament un minimum de 20 millions par année pour mettre en œuvre la promesse caquiste d’instaurer deux récréations obligatoires d’au moins 20 minutes chacune par jour. Elles demandent aussi que des écoles bondées en milieu urbain puissent en être exemptées.

La Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) vient d’envoyer un avis au ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, au sujet de son projet de règlement concernant la création de deux récréations obligatoires. M. Roberge a annoncé cette mesure en février, déplorant que la seule règle en vigueur en ce moment demande aux écoles que l’élève « bénéficie d’une période de détente le matin et l’après-midi ».

Près de 40 % des écoles primaires offrent moins de 30 minutes de récréation par jour, selon un sondage fait en 2017 auprès des comités de parents par la Coalition québécoise sur la problématique du poids. Il n’y a aucune récréation à l’extérieur en après-midi dans une école sur cinq.

Jean-François Roberge a déclaré en février que sa mesure n’entraînerait aucun coût supplémentaire. Ce n’est pas l’opinion de la FCSQ, comme en témoigne son avis, que La Presse a obtenu.

« La Fédération estime qu’un investissement minimal de l’ordre de 20 M$ sera requis pour faire face à l’augmentation des temps de détente au primaire. »

— Extrait d’une lettre de la Fédération des commissions scolaires du Québec à l’intention du ministre Roberge

Elle fait valoir que le gouvernement avait accordé une enveloppe semblable lorsqu’il avait augmenté le temps d’enseignement de 18 minutes par jour, en 2006-2007.

« L’exercice de modifier l’horaire d’une école fait ressortir plusieurs contraintes, notamment celles liées à la tâche des enseignants et à l’organisation du transport scolaire », soutient-elle.

Surveillance

L’aide minimale de 20 millions est nécessaire, selon la FCSQ, pour confier à des surveillants plutôt qu’aux enseignants le temps additionnel de supervision des élèves pendant les récréations. Autrement, « le temps de qualité en services aux élèves est menacé ». Elle explique que les enseignants seraient forcés d’amputer le temps consacré à la récupération ou à l’encadrement d’élèves pour faire plus de minutes de surveillance.

Lors de sa conférence de presse en février, le ministre a indiqué que la surveillance « rentr[ait] dans la tâche de l’enseignant » et qu’il fallait simplement « une répartition différente du temps de présence » devant les élèves pour offrir plus de minutes de surveillance.

La FCSQ soutient que les récréations obligatoires auront également un impact sur la sortie des classes et l’organisation du transport scolaire. Là encore, des coûts sont à prévoir, selon elle.

« À première vue, réduire de quelques minutes l’heure du dîner et retarder quelque peu l’heure de sortie de fin de journée pourraient permettre aux écoles de se conformer facilement à cette nouvelle disposition du Régime pédagogique sans qu’il y ait trop d’impact sur le fonctionnement de l’école. Cependant, à y regarder de plus près, on constatera que la réalité n’est pas toujours aussi simple », affirme-t-elle.

Dérogation

Le Conseil supérieur de l’éducation a tenu un discours similaire plus tôt cette semaine, un avis que le ministre Roberge a aussitôt balayé d’un revers de main.

La FCSQ se dit par ailleurs « préoccupée par une éventuelle application uniforme et sans nuance » de l’obligation d’offrir deux récréations de 20 minutes chacune. Québec devrait prévoir « la possibilité d’une dérogation en certaines circonstances », lorsque l’opération s’avérerait très coûteuse ou difficile.

Elle soulève le cas d’écoles bondées en milieu urbain qui ont une petite cour d’école et qui ont sacrifié la récréation de l’après-midi « pour des raisons pédagogiques et logistiques ».

« L’obligation d’ajouter un temps de détente de 20 minutes en après-midi aura pour effet d’accentuer le problème d’espace dans la cour d’école et de retarder l’heure de sortie », souligne-t-elle, parlant d’« impacts considérables ».