Le déploiement de la maternelle 4 ans causerait des pertes de 187 à 385 millions de dollars par année aux éducatrices en milieu familial et aux garderies privées non subventionnées en raison d'une baisse de la clientèle, calcule Québec. Mais les CPE s'en tireraient sans conséquence. C'est ce que révèle une analyse d'impact que le ministère de l'Éducation a diffusée sur son site web.

De 12 000 à 24 000 enfants en moins en milieu familial

Deux scénarios sont analysés : une fréquentation de la maternelle par 50 % ou par 80 % des enfants de 4 ans à compter de 2023-2024. « Les services de garde en milieu familial pourraient avoir à composer avec un manque à gagner de 98,4 millions de dollars (scénario à 50 %) ou de 202,7 millions de dollars (scénario à 80 %) » par année, avance-t-on. Comme il existe un peu plus de 12 700 éducatrices en milieu familial, la perte moyenne oscillerait entre plus de 7700 $ et près de 16 000 $. Ces services de garde perdraient entre 12 000 et 24 700 enfants, selon l'analyse d'impact. Ils accueillent environ 90 000 enfants à l'heure actuelle.

Vers des fermetures

Cette perte de clientèle entraînerait la fermeture de 196 à 2317 services de garde, selon l'un ou l'autre des scénarios analysés. « Le nombre de responsables qui pourraient cesser leurs activités est difficile à estimer, la perte de clientèle étant distribuée parmi la plupart d'entre eux : c'est plutôt la baisse de leurs revenus qui pourrait en inciter certains à se tourner vers une autre activité économique », peut-on lire dans l'analyse d'impact.

Les garderies non subventionnées écoperont aussi

Les 1275 garderies privées non subventionnées « pourraient avoir à composer avec un manque à gagner de 88,3 millions de dollars (scénario à 50 %) ou de 182 millions de dollars (scénario à 80 %) » par année. La moyenne se chiffre à 69 000 $ ou à 143 000 $ selon l'un ou l'autre des scénarios. Ces garderies perdraient 9000 ou près de 19 000 enfants - on calcule que le tarif payé par un parent est de 37 $ par jour. Si la maternelle 4 ans est fréquentée par 80 % des enfants, 910 postes d'éducatrices seraient supprimés ; il y a 6825 employés à l'heure actuelle dans les garderies privées non subventionnées.

Ajout de postes dans les écoles

L'analyse d'impact relève que le déploiement de la maternelle 4 ans « nécessitera la création d'un nombre important de postes » dans les écoles. Toujours en fonction des deux scénarios retenus, il y aurait l'embauche de 3000 à 5000 enseignants, de 1500 à 2500 « ressources spécialisées dans le développement des enfants d'âge préscolaire », et de 620 à 1060 éducatrices en service de garde en milieu scolaire. « Les éducatrices et éducateurs à l'enfance présenteraient un profil plus qu'intéressant pour occuper de tels postes, principalement ceux des deuxième et troisième catégories ci-dessus », fait-on valoir. « Ainsi, le gouvernement pourra accompagner [les personnes] qui souhaiteraient obtenir un nouvel emploi et leur proposer des solutions gagnantes. Il en va de même pour les responsables de services de garde en milieu familial qui répondent aux exigences de qualification. »

Pas d'impact pour les CPE, selon Québec

« De façon générale, ce qu'on anticipe, c'est qu'il n'y aura pas d'impact pour les CPE et les garderies privées subventionnées », plaide le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe. Selon l'analyse, « les places libérées dans les CPE et les garderies subventionnées » en raison de la maternelle 4 ans « seraient comblées par des enfants de 18 à 47 mois provenant des responsables de service de garde en milieu familial et des garderies non subventionnées ».