La Fédération autonome de l'enseignement (FAE), qui représente la majorité des enseignants de la région de Montréal, traverse une crise interne en lien avec un possible incident raciste survenu pendant le lock-out d'employés syndicaux, a appris La Presse.

Dans une lettre envoyée au président de la fédération, 23 permanents des syndicats affiliés dénoncent le « climat de méfiance, de suspicion et de confrontation » qui règne au sein de la fédération réunissant 43 000 membres. Ils promettent de boycotter les activités de la FAE jusqu'à ce que la situation soit résolue.

À la source des tensions : le lock-out par le Syndicat de l'enseignement de la Haute-Yamaska (SEHY) de ses propres employées syndicales, l'été dernier, ainsi qu'une accusation de racisme.

Dans un contexte de négociations qui s'éternisaient, le SEHY a mis à la rue ses propres employés, en juin dernier. Le conflit de travail a duré cinq mois, soit jusqu'en novembre dernier.

Les 23 signataires de la lettre ont alors pris position en faveur des employés en lock-out, tandis que la fédération refusait de s'ingérer dans une décision de l'un de ses membres.

Alors que les tensions liées à ce lock-out étaient à leur comble, l'été dernier, un permanent d'un syndicat affilié à la FAE aurait interpellé le directeur général de la fédération syndicale, un Afro-Canadien, pour lui demander de prendre position dans le dossier.

Devant le refus de ce dernier, le permanent syndical se serait impatienté et l'aurait traité de pleutre. Il a ajouté « que si je ne savais pas ce que ça voulait dire "pleutre" au Québec, qu'il allait m'expliquer », a dénoncé le directeur général Martin-Pierre Nombré dans une plainte, qualifiant les propos « d'acte raciste à mon endroit ». Le permanent syndical visé par la plainte a été banni des locaux de la FAE et de toutes les activités de la fédération. La plainte a été déposée au Barreau du Québec, puisque l'employé visé est avocat.

« Une question de gestion privée »

Les 23 signataires de la lettre affirment que ces propos « plus durs et plus acerbes » ont été tenus dans le contexte d'un conflit de travail « où parfois les esprits s'échauffent ». « Le fait d'isoler, de bâillonner, et d'ostraciser un de nos collègues est pour nous symptomatique d'un mal profond à la FAE », écrivent-ils.

Pour ajouter aux tensions, le syndicat qui emploie l'employé visé par les allégations de racisme a pris sa défense et s'oppose au bannissement.

Joint par La Presse, la FAE n'a pas voulu commenter le fond du dossier. « On n'estime pas pour l'instant qu'il s'agit d'une nouvelle d'intérêt public. C'est vraiment une question de gestion privée », a indiqué une responsable des communications au nom de Sylvain Mallette, président de la FAE. 

« On reconnaît que les employés dans les syndicats peuvent être insatisfaits, mais il y a une enquête en cours. » 

La fédération syndicale fait référence à l'enquête du Barreau.

Les signataires de la lettre joints par La Presse n'ont pas souhaité commenter le dossier. « On ne fera pas de commentaire, on va tenter de régler la situation entre nous », a indiqué Sylvain Leblanc, délégué des employés du Syndicat de l'enseignement de la région de Laval. « À l'heure actuelle, cette situation est plutôt traitée à l'interne », a indiqué Marco Montemiglio, du même syndicat.

Les signataires annoncent dans la lettre qu'ils refusent « de participer aux activités de formation ou aux différents comités de la Fédération tant et aussi longtemps que notre collègue [accusé de racisme] n'y sera pas de nouveau le bienvenu ».

La FAE regroupe tous les enseignants de toutes les commissions scolaires francophones de Montréal, en plus de ceux de la Commission scolaire de Laval et de plusieurs autres commissions scolaires.