Le premier ministre du Québec, François Legault, a fermé la porte au retrait d'enfants catholiques des classes d'éducation sexuelle, jeudi, affirmant que ces cours étaient « obligatoires pour tout le monde », au lendemain d'une invitation en ce sens transmise par l'archevêché de Montréal.

L'Église s'est d'ailleurs dissociée de l'initiative qu'elle avait relayée mercredi.

« Je pense que c'est important d'avoir des cours d'éducation à la sexualité dans nos écoles », a dit François Legault, lui-même un ancien ministre de l'Éducation dans le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard, au tournant des années 2000. Il s'exprimait en marge d'une annonce économique.

« Avec tout ce qu'on vit depuis certaines années, c'est important que les jeunes comprennent tous les impacts et qu'ils soient capables de bien voir comment on peut évoluer dans une société entre hommes et femmes. » - François Legault

Son ministre de l'Éducation avait déjà souligné qu'il n'était pas question de permettre d'ouvrir la porte à un vaste droit de retrait.

Jean-François Roberge a repris la position de son prédécesseur libéral : « Les seules exemptions délivrées le seront de manière exceptionnelle pour des motifs très précis, par exemple pour des élèves ayant vécu des traumatismes importants », a écrit le ministre sur Twitter.

Il a ajouté qu'à son avis, le nouveau programme contenait « des apprentissages essentiels ».

Même son de cloche du côté de la critique péquiste en matière d'éducation, Véronique Hivon : « Les cours d'éducation sexuelle sont essentiels pour les élèves, tout comme pour la société en général. C'est donc tous les enfants qui doivent pouvoir les recevoir », a-t-elle fait valoir.

L'ÉGLISE SE DISSOCIE

Pour sa part, l'archevêché a pris ses distances du communiqué diffusé mercredi qui propose aux parents de « prendre une entente spéciale pour donner la matière eux-mêmes » à leurs enfants, plutôt que de laisser le professeur s'en occuper. Le texte faisait aussi la promotion d'un manuel rédigé à cette fin par le directeur du service de pastorale liturgique de l'archevêché, l'abbé Robert Gendreau, et par le médecin catholique Raouf Ayas.

En matinée jeudi, les autorités catholiques se sont dissociées du projet.

« Le livret est le résultat d'une initiative personnelle d'un père de famille soutenu par un document rédigé par un médecin et un prêtre », ont-elles écrit sur la plateforme Twitter. « L'archevêché n'est aucunement impliqué dans l'initiative ni la publication de cet ouvrage. »

Dans un communiqué publié en fin de journée, la hiérarchie catholique a précisé que « le relais de l'information relative » au manuel « ne constitue d'aucune façon un endossement de son contenu ».

Le programme d'éducation sexuelle devrait être implanté à partir de cette année dans plusieurs commissions scolaires du Québec. Son déploiement a été retardé en raison des réserves des syndicats quant à la formation des enseignants.

Au primaire, il occupera cinq heures par année scolaire. Le temps qui lui est consacré triple au secondaire.

Le manuel de l'abbé Gendreau et du docteur Ayas reprend les objectifs obligatoires du Ministère en les adaptant à une perspective catholique. Il préconise de reporter plusieurs discussions sur la sexualité en faisant valoir que l'enfant de 6 à 12 ans est « comme sexuellement endormi » et qu'il faut respecter sa « pudeur naturelle ».