À peine trois semaines après une tentative ratée de modifier un programme dédié aux étudiants étrangers qui risquait de forcer des centaines d’entre eux à quitter le Québec, le gouvernement change radicalement de discours et veut maintenant les accueillir à bras ouverts, les qualifiant de « candidats de choix » à l’immigration.

« Les étudiants internationaux constituent des candidats de choix à l’immigration. Ils sont des étudiants francophones, francisés et intégrés dans leur milieu d’études. Ils sont particulièrement bien placés pour poursuivre leur vie au Québec s’ils le souhaitent », a déclaré vendredi la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Nadine Girault.

Celle-ci présentait la nouvelle Politique internationale du Québec, intitulée « Le Québec : fier et en affaires partout dans le monde ».

Au début du mois, le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Simon Jolin-Barrette, a tenté d’introduire une réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) qui aurait eu pour effet de renvoyer dans leur pays d’origine des centaines d’étudiants étrangers admis ici et bien intégrés.

Ce programme très populaire permet aux étudiants étrangers titulaires d’un diplôme admissible ou aux personnes avec une expérience de travail au Québec de recevoir en vertu d’un traitement accéléré un certificat de sélection du Québec, afin qu’ils puissent immigrer ici.

Devant le tollé général soulevé par la réforme, le ministre a été forcé de reculer dans les jours suivants, puis le premier ministre François Legault est lui-même intervenu pour suspendre la démarche.

Ce changement de discours radical a fait réagir les trois partis d’opposition qui n’ont pas tardé, vendredi, à dénoncer l’« improvisation » et le manque de communication entre les ministères du gouvernement de la Coalition avenir Québec.

« Évidemment qu’on veut des étudiants étrangers, mais avec ce qui s’est passé au cours des dernières semaines, l’attractivité ne sera pas très grande », prévient le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Pierre Arcand, en ajoutant que « la main gauche et la main droite ne fonctionnent pas toujours ensemble » dans ce gouvernement.

Du côté de Québec solidaire, le député Vincent Marissal a souhaité « bonne chance » à la ministre Girault.

« Après ce qu’a fait son collègue à l’Immigration, le fiasco du PEQ, mettons qu’il a noirci pas mal la vitrine. Ça va être assez difficile de dire : venez au Québec, on vous veut, on vous aime, on va reconnaître vos diplômes », a-t-il souligné.

Au Parti québécois, le chef intérimaire Pascal Bérubé a suggéré que la ministre Girault tentait peut-être de faire passer un message à son collègue Simon Jolin-Barrette.

« Tu ne peux pas décider d’intervenir en restreignant l’accès des étudiants internationaux au programme du PEQ et en même temps dire que c’est notre politique internationale. Ça ne fait pas sérieux, ça manque de coordination », a-t-il critiqué en rappelant que le cégep de Matane, dans sa circonscription, aurait pu perdre 200 de ses 700 étudiants avec la réforme ratée du ministre de l’Immigration.

« Ils ont tous les atouts »

La priorité numéro quatre de la politique vise d’ailleurs directement les étudiants étrangers, alors que le gouvernement entend mener « un effort spécifique pour le recrutement des étudiants internationaux », a assuré Mme Girault.

« Ils ont tous les atouts pour répondre aux besoins des entreprises à partir des qualifications en bonne partie acquises au Québec », a-t-elle renchéri.

En mêlée de presse, la ministre a dit avoir entièrement confiance en la capacité du Québec à recruter des étudiants malgré la controverse du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) qui a fait le tour du monde, il y a à peine trois semaines.

Elle ne croit pas du tout que la crédibilité du Québec dans ses tentatives de recrutement ait été entachée par cette saga.

« Le Québec est encore très crédible. Ce n’est pas du tout contradictoire. Les étudiants qui veulent venir étudier ici, qui veulent étudier en français, qui sont déjà francisés, qui sont déjà intégrés et dont les compétences correspondent au marché du travail, c’est sûr qu’on veut ces étudiants-là », a-t-elle répondu.