(Québec) À deux semaines de la rentrée scolaire, les maternelles 4 ans ne suscitent toujours pas l’engouement souhaité par le gouvernement Legault.

Les 644 classes qui seront offertes dès la fin août comptent en moyenne 11 enfants sur une possibilité de 17, selon les données les plus récentes du ministère de l’Éducation.

Il s’agit là d’une très légère augmentation depuis mai, alors que Le Devoir rapportait qu’il y avait en moyenne 10 enfants inscrits par classe. Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, estimait alors que le rythme des inscriptions était « très encourageant ».

Le nombre moyen d’inscriptions par classe pour 2019-2020, soit de 11 enfants par classe, est sensiblement le même que l’année dernière, alors qu’il existait 394 classes en milieu défavorisé, souligne le ministère.

La promesse électorale de la Coalition avenir Québec (CAQ) est de déployer la maternelle 4 ans universelle sur tout le territoire du Québec d’ici cinq ans, afin notamment de mieux dépister les problèmes d’apprentissage chez les tout-petits.

Relancé au sujet des inscriptions vendredi, le ministère de l’Éducation a tenu à préciser qu’elles se poursuivront jusqu’à la rentrée scolaire.

« Le déploiement des 644 classes annoncées pour 2019-2020 est toujours en cours puisque les inscriptions des enfants se font en continu depuis l’annonce du nombre de groupes autorisés, a affirmé la relationniste Esther Chouinard dans un échange courriel avec La Presse canadienne. Pour l’instant, la capacité d’ouverture des 644 groupes est très réelle. »

En campagne électorale, la CAQ avait promis de créer 5000 classes de maternelle 4 ans à temps plein durant son mandat. Cet engagement a depuis été révisé à environ 3200 classes. Le coût de chaque nouvelle classe est estimé à 800 000 $.

Ça « stagne »

À la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), on ne peut que constater que les inscriptions « stagnent » et qu’il n’y a pas de ruée vers les maternelles 4 ans, malgré le blitz publicitaire du gouvernement.

Qui plus est, la présidente Sonia Éthier s’insurge contre les efforts du gouvernement d’aller chercher des enfants dans le réseau des Centres de la petite enfance (CPE) et de recruter des éducatrices pour qu’elles aillent enseigner dans les écoles, qui souffrent de la pénurie de main-d’œuvre.

M. Roberge a récemment déposé un projet de règlement pour permettre aux éducatrices en services de garde, qui ont un diplôme collégial, d’enseigner en maternelle à condition d’être inscrites dans un baccalauréat en enseignement et d’avoir suivi au moins trois cours de cette formation universitaire.

Le premier ministre François Legault avait pourtant « dénigré le travail des éducatrices » en février dernier, se rappelle Mme Éthier.

Il avait déclaré que les parents auraient bientôt le choix « entre une garderie avec deux tiers d’employés qui sont des techniciens de garde, ou une maternelle à 4 ans, avec des enseignants et toute l’équipe de spécialistes de l’école primaire ».

« Le discours a changé, a-t-elle souligné en entrevue vendredi. Étant donné qu’il ne peut pas remplir sa promesse, il ouvre la porte (aux éducatrices). C’est une contradiction du discours. »

Le ministre Roberge a refusé la demande d’entrevue formulée par La Presse canadienne vendredi.