Les missions de recrutement à Paris et à Bruxelles du début de juin ne régleront qu’une toute petite partie de la pénurie d’enseignants dans la métropole, mais les trois commissions scolaires francophones de l’île de Montréal se disent satisfaites des quelque 90 promesses d’engagement ou emplois conditionnels offerts. 

La Commission scolaire de Montréal (CSDM) prévoit qu’en août, il devrait lui manquer une centaine d’enseignants. Si les choses se passent comme l’an dernier à la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, il pourrait en manquer aussi près d’une centaine. La commission scolaire de la Pointe-de-l’Île rappelle pour sa part avoir dû embaucher l’an dernier 197 enseignants non légalement qualifiés.

Vu ces pénuries, les trois commissions scolaires francophones de Montréal ont donc organisé deux jours de recrutement à Paris, qui ont très bien marché, et une journée à Bruxelles, qui a été moins courue.

Quelque 125 enseignants européens s’y sont présentés.

« Je partais en mission avec 25 postes à pourvoir, conformément à l’entente que nous avions avec le syndicat. Nous avons décroché 24 contrats dûment signés. C’était très émouvant, plusieurs nous ont dit que ça allait changer leur vie », raconte Francyne Fleury, directrice générale adjointe aux ressources humaines à la CSDM.

La commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, elle, indique avoir offert un emploi à une vingtaine de candidats. D’autres candidats sont en réflexion.

La commission scolaire de la Pointe-de-l’Île a offert 45 promesses d’engagement, mais elle n’exclut pas de perdre certains candidats au profit des autres commissions scolaires.

Des enseignants d’expérience

Avant de partir, Francyne Fleury, de la CSDM, pensait qu’elle recruterait surtout des jeunes sans attaches qui avaient envie de partir à l’aventure.

« Finalement, nous n’avons que cinq jeunes. Les 19 autres ont deux, trois ou quatre enfants et leur principale motivation est de faire vivre notre système éducatif à leurs enfants. »

Une mère de deux adolescents, qui a accepté un contrat de trois ans, a ce profil.

« Notre rythme de vie, typique de Paris, nous laissait peu de temps pour la famille, raconte-t-elle en entrevue téléphonique. Mon mari part à 7 h, il rentre souvent à 21 h. On en a marre. On recherche une qualité de vie. »

C’est l’adolescente de la famille, qui parle depuis des années de venir au Québec, qui a réactivé le rêve qu’avaient eux-mêmes ses parents quand ils étaient dans la vingtaine.

Cette enseignante laissera un pays lui-même aux prises avec des pénuries. « En maths, notamment. En France, l’enseignement, ce n’est plus un métier qui fait rêver. Les classes sont chargées, les salaires sont bas et nous n’avons pas d’aide. »

Cela dit, elle ne pourra pas venir prêter main-forte à la CSDM dès la rentrée prochaine. Son mari, informaticien, doit d’abord se trouver un travail et ils doivent vendre leur maison. Ils prévoient arriver en 2020.

Emmanuel Laforge, un Belge dont l’histoire a déjà été racontée dans La Presse, se propose de son côté d’être en classe au Québec dès le mois d’août.

Cet instituteur qui enseigne depuis 20 ans avait d’abord reçu une fin de non-recevoir du ministère de l’Éducation, lui disant qu’il n’était pas assez qualifié pour enseigner ici parce que la formation des maîtres est plus courte en Belgique.

C’est maintenant réglé, moyennant quelques équivalences à faire, mais rien d’urgent. « La commission scolaire Marguerite-Bourgeoys m’attendait carrément avec un contrat et m’a même promis de m’aider pour les démarches comme la recherche d’un appartement ou l’obtention du permis de conduire. »