(Québec) Les municipalités demandent au gouvernement Legault de passer à la caisse concernant son projet d’implantation de la maternelle 4 ans universelle partout au Québec.

En effet, elles ne veulent pas payer seules pour le camp de jour municipal que demanderont les parents, une fois que les enfants auront terminé les classes en juin. La facture : au moins 26 millions, dit l’Union des municipalités du Québec (UMQ), dans un mémoire obtenu par La Presse canadienne jeudi.

Les bambins de 4 ans qui fréquentent actuellement les Centres de la petite enfance (CPE) sont pris en charge toute l’année, même l’été. Or les enfants de la maternelle sont en vacances scolaires en été et les parents se tourneront donc vers les camps d’été municipaux, a fait remarquer l’UMQ.

Les camps municipaux accueillent actuellement des bambins de 5 et 6 ans, mais rares sont les municipalités qui offrent le service aussi pour les enfants de 4 ans.

On « anticipe une demande accrue de la part des parents pour que leurs enfants puissent fréquenter les camps de jour offerts par les municipalités puisqu’ils n’auront plus accès aux autres services de garde durant l’été », peut-on lire dans le mémoire.

L’UMQ a fait le calcul : si les gamins de 4 ans fréquentent les camps de jour dans la même proportion que ceux de 6 à 14 ans, soit le tiers, donc 30 000 jeunes devront être pris en charge par les municipalités.

L’UMQ estime que le coût d’un enfant dans un camp de jour est en moyenne de 479 $ par mois, sans compter les frais demandés pour offrir le service de garde avant le début du camp de jour ou après la fin du camp ni les frais pour les activités spéciales.

Et si un des deux scénarios du gouvernement se réalise, soit que 50 % des enfants de 4 ans fréquentent la maternelle ou 80 % la fréquentent, l’addition sera encore plus élevée.

En outre, la facture ne tient pas compte des coûts de formation supplémentaires ni de la révision du ratio du nombre d’enfants par moniteur.

« Interagir avec des enfants de 4 ans pose des défis totalement différents qu’avec des enfants plus âgés, notamment en ce qui concerne l’autonomie personnelle, peut-on lire. Qu’on pense seulement à la propreté : plusieurs enfants de cet âge ont encore des difficultés pour aller seul à la toilette et certains peuvent encore porter des couches. D’autres encore peuvent avoir des difficultés à exprimer clairement leurs besoins et à évoluer sans crainte dans des environnements inconnus lors de sorties en groupe, ce qui arrive fréquemment dans les camps de jour. »

Enfin, l’UMQ s’interroge sur les bienfaits de la fréquentation d’un camp de jour pour un enfant de 4 ans et n’a pas les réponses.

« Est-il souhaitable que les enfants de 4 ans aient accès aux camps de jour municipaux, au même titre que les enfants plus âgés ? Est-ce que cela favorisera leur développement social et affectif ? L’UMQ ne dispose actuellement d’aucune étude scientifique lui permettant de répondre à cette importante question. »

L’implantation universelle de la maternelle 4 ans est un des engagements principaux de la Coalition avenir Québec (CAQ) en campagne électorale, mais elle suscite la controverse. Elle rencontre la résistance des trois partis d’opposition au Parlement et de plusieurs syndicats, notamment pour son coût évalué à plus de 2 milliards, alors qu’il existe déjà un réseau de Centres de la petite enfance (CPE) dont l’expansion n’est même pas complétée.