(Québec) -L’impasse est totale entre les Petits chanteurs du Mont-Royal et la Commission scolaire de Montréal (CSDM). Une réunion pour trouver une solution à leur différend, hier, n’a pas permis aux deux organisations de s’entendre sur l’école secondaire où les chanteurs devront étudier à l’avenir.

En entrevue avec La Presse, le président du conseil d’administration de la maîtrise, Pierre Éloi Talbot, estime même que la survie des Petits chanteurs est toujours « sérieusement menacée ».

Les Petits chanteurs ont appris ce printemps que ses élèves qui devaient fréquenter au secondaire le Collège Notre-Dame dès la rentrée 2020 (comme c’est le cas depuis près de 40 ans) devront à l’avenir étudier dans une école publique située plus loin de l’oratoire Saint-Joseph, où ont lieu les cours musicaux.

Depuis des décennies, les 210 garçons qui forment le chœur bénéficiaient d’une entente leur permettant d’aller au secondaire au Collège Notre-Dame à rabais, le ministère payant les droits de scolarité des élèves à la CSDM, qui les versait ensuite à l’école privée.

Or, la CSDM a décidé l’automne dernier qu’elle cessait cette pratique pour de bon afin de rapatrier les élèves dans son réseau. Cette décision, a dit jeudi la présidente de la CSDM, Catherine Harel-Bourdon, est « finale ».  

Les Petits chanteurs déplorent que le trajet qui serait imposé aux élèves compromet la mission du chœur, alors que les enfants pouvaient jusqu’à maintenant se rendre aux salles de pratique en quelques minutes après la fin des classes.

Or, en entrevue à La Presse, Mme Harel-Bourdon a expliqué avoir soumis aux Petits chanteurs le scénario selon lequel les élèves qui commenceront leur secondaire à la rentrée 2020 pourront étudier à l’Académie de Roberval, qui offre comme le Collège Notre-Dame un programme enrichi.  

Cette école est située au métro Jarry, à près de 35 minutes en métro de l’oratoire Saint-Joseph. Aux yeux de la CSDM, cette situation ne devrait pas poser problème, puisque les enfants auraient le temps d’arriver à temps à leurs cours de musique.  

Québec refuse de s’en mêler

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, refuse pour l’instant de s’ingérer dans le différend qui oppose la CSDM aux Petits chanteurs du Mont-Royal. Il a affirmé jeudi qu’il est « trop tôt pour que le ministre s’en mêle » et que la commission scolaire a « les cartes en main pour s’entendre et pour préserver ce programme pédagogique particulier ».

« On n’est pas dans une crise. Il n’y a pas de crises partout, tout le temps. […] Je fais confiance [en la CSDM] pour trouver une solution qui va plaire à tout le monde », a-t-il dit.

Mercredi, à l’initiative de la députée libérale en matière de culture, Isabelle Melançon, les parlementaires ont voté à l’unanimité une motion qui demande au gouvernement « d’assumer ses fonctions et de proposer rapidement des solutions adéquates qui permettront d’assurer la mission » des Petits chanteurs.

« La ministre de la Culture, Nathalie Roy, devrait être la première à la recherche de solutions pour préserver ce joyau de notre patrimoine culturel et musical. Elle demeure toutefois silencieuse depuis le mois de mars », a déploré jeudi Mme  Melançon.  

La semaine dernière, en entrevue au Devoir, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, invitait d’ailleurs la CSDM à « faire ses devoirs » et à proposer de nouvelles solutions aux Petits chanteurs. Le ministre réagissait ainsi après la publication dans La Presse d’une lettre ouverte signée par plusieurs personnalités artistiques — dont le chef d’orchestre de l’OSM, Kent Nagano, l’acteur et compositeur Émile Proulx-Cloutier, le chef d’orchestre de l’Orchestre métropolitain, Yannick Nézet-Séguin, le pianiste Gregory Charles, l’auteure-compositrice-interprète Ariane Moffatt et bien d’autres — demandant de protéger les Petits chanteurs qui évoluent dans « un écosystème en équilibre précaire ».

Une nouvelle rencontre entre les Petits chanteurs et la CSDM devrait avoir lieu la semaine prochaine, a indiqué la commission scolaire.