Alors que de nombreuses universités peinent à recruter assez d’étudiants pour joindre les deux bouts, la TELUQ — une université qui offre de la formation à distance — voit ses inscriptions d’été fondre de 60 % en raison de la grève de ses tuteurs.

Contrairement aux autres universités qui ont un campus, l’offre de cours et le nombre d’étudiants à la TELUQ sont habituellement sensiblement les mêmes à la session d’été, à la session d’automne et à la session d’hiver.

La baisse de 60 % du nombre d’inscriptions pour cet été, confirmée par Marie-Thérèse Brunelle, directrice des affaires publiques à la TELUQ, va de pair avec une offre de cours qui a rétréci comme peau de chagrin.

Ainsi, alors que quelque 300 cours seraient normalement offerts, seulement 136 le seront cet été.

Quel effet a la grève actuelle sur ses étudiants ? Selon Mme Brunelle, environ 9000 travaux et examens sont en attente de correction « et nous essayons de voir de quelle façon, sans recourir à des briseurs de grève, nous pourrions résorber cela ».

Dans de rares cas, la TELUQ a remis une note « S » pour « succès » à des étudiants qui, avant la grève, avaient déjà obtenu de si bonnes notes qu’ils étaient déjà assurés d’obtenir la note de passage, selon Mme Brunelle. (Le syndicat parle, lui, de diplômes décernés au rabais.)

Des étudiants ont déjà demandé des remboursements. L’administration n'en accorde qu'à ceux qui demandent de ne plus être inscrits.

« Le conflit de travail qui perdure semble commencer à nuire à la capacité d’attraction de la TELUQ, qui offre un enseignement de qualité, et c’est regrettable » , a-t-il dit.

« Nous appelons la direction de la TELUQ et le syndicat représentant les tuteurs à retourner à la table des négociations et à trouver une entente qui conviendra à l’ensemble des parties. »

Un avenir compromis ?

L’avenir de la TELUQ est-il compromis ? A-t-on une idée du manque à gagner que la grève peut entraîner ? Mme Brunelle répond qu’aucun montant ne peut être avancé pour l’instant.

Nancy Turgeon, la présidente du syndicat des tuteurs, dit craindre pour la situation financière de la TELUQ, « mais aussi pour la qualité de l’encadrement ».

Le syndicat ne demande aucune augmentation de salaire, précise-t-elle, mais le maintien des emplois.

Les tuteurs dont il est question, précise-t-elle, ne sont pas des jeunes de 18 ans, mais bien, « dans les trois quarts des cas, des gens qui ont au moins une maîtrise ».

Ils font partie intégrante de la TELUQ depuis 1972, mais voilà qu’on veut s’en débarrasser, dit Mme Turgeon.

En assemblée générale lundi, ajoute Mme Turgeon, il y a eu vote unanime « en faveur de la préservation des emplois ».

Mme Turgeon croit que le conflit est loin d’être réglé. La grève dure depuis le 28 janvier, « mais nous sommes en conciliation depuis une vingtaine de mois ».

Le conflit de travail s’est déjà retrouvé devant les tribunaux. Au début du mois d’avril, le tribunal administratif du travail a tranché que l’Université TELUQ avait exercé des représailles contre Nancy Turgeon (en la retirant de la liste prioritaire de tuteurs) et devait corriger la situation, en plus de lui verser l’équivalent du salaire et des autres avantages dont elle avait été privée.