La Commission scolaire de Montréal (CSDM) a amorcé hier une révision de fond en comble de son offre de services dans les 32 écoles secondaires de son territoire.

But de l'exercice ? « Améliorer la réussite des élèves », a indiqué Benoît Thomas à La Presse.

À la tête des directions d'écoles secondaires de la CSDM, M. Thomas en connaît un bout sur le sujet. Avant sa nomination, en juillet dernier, il était directeur de la polyvalente Louis-Joseph-Papineau, dans le nord de Montréal. Une école hautement défavorisée et une horreur architecturale. Grâce à la mise sur pied de volets sportifs comme le basketball et le soccer, pour engager et stimuler les élèves, le taux de diplomation a bondi de 38 % à 80 % en cinq ans, sous sa direction.

« Si on pouvait prendre une recette et l'appliquer à toutes les écoles, on le ferait et tout le monde réussirait. Mais c'est plus compliqué que ça. » - Benoît Thomas, de la CSDM

Dans un premier temps, la CSDM va sonder la population sur le web, au moyen d'un sondage, pour connaître ses attentes. Devrait-elle offrir plus de programmes sport-études au secondaire ? Plus de concentrations en arts, en soccer ou en entrepreneuriat ? Plus d'écoles alternatives ? Plus de programmes particuliers, comme les arts du cirque dans le quartier Saint-Michel, où se trouve la TOHU ?

« On veut avoir le plus large consensus possible », précise M. Thomas.

La consultation va s'étendre sur quelques mois, de janvier à mars 2019. La CSDM va ensuite élaborer des scénarios et des offres de services par secteur et par école, qui seront soumis, de nouveau, à la consultation. 

Elle compte adopter son plan définitif en juin et offrir certains programmes particuliers dès l'automne 2019, pour l'année scolaire 2020-2021.

« L'objectif, c'est de tout mettre en place sur une période de trois à cinq ans », indique Catherine Harel Bourdon, présidente de la CSDM. « Ce sont quand même de gros changements. Il faut être réaliste », souligne Benoit Thomas.

MIEUX RÉPARTIR LES PROGRAMMES

L'analyse des programmes existants dans les écoles secondaires publiques a permis de constater que l'offre n'est pas la même sur l'ensemble du territoire de la commission scolaire. Dans certains secteurs, il y a beaucoup d'écoles à vocation particulière. C'est le cas du Plateau Mont-Royal, de Westmount, du centre-ville et de Rosemont-La Petite-Patrie. Tandis que dans d'autres, ces programmes sont quasi inexistants.

La CSDM veut non seulement augmenter le nombre de programmes particuliers, mais elle veut aussi mieux les répartir sur son territoire. De façon plus équitable.

« Il y a des choses qui fonctionnent très bien dans les écoles et on veut les conserver. On n'efface pas le tableau au complet. Mais on veut regarder ce qu'on peut faire qui va agir sur certains éléments. » - Catherine Harel Bourdon, présidente de la CSDM 

« Nous, comme conseil des commissaires, on a une responsabilité de répartir équitablement nos ressources sur le territoire », assure Mme Harel Bourdon.

« C'est notre rôle de rétablir les écarts », ajoute M. Thomas.

Pour réviser son offre de services, la CSDM se base sur quatre facteurs qui ont un impact sur la réussite des élèves : la diversité de choix, une plus grande accessibilité aux différents programmes, la mobilité et la mixité scolaire dans l'école et dans la classe. « On veut des écoles hétérogènes parce que toutes nos études nous démontrent que lorsqu'on a plusieurs types d'élèves, tout le monde est tiré vers le haut », dit M. Thomas.

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LA CSDM EN CHIFFRES

73 % Taux de réussite des élèves du secondaire de la CSDM en sept ans

23 500 Nombre d'élèves dans les écoles secondaires de la CSDM

24 Nombre d'écoles secondaires ordinaires

8 Nombre d'écoles pour élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage

50 % Proportion des élèves de la CSDM qui n'ont pas le français comme langue maternelle

Léger surplus budgétaire à la CSDM

45,5 millions

Les revenus de la CSDM ont bondi de 45,5 millions au cours de la dernière année scolaire pour atteindre 1,142 milliard. Cette hausse est attribuable en grande partie à l'augmentation de la population scolaire. En 2017-2018, la CSDM a accueilli 1767 nouveaux écoliers pour un total de 76 000 élèves.

Hausse des dépenses: 4,06 %

Les revenus ont augmenté (4,15 %), mais les dépenses aussi (4,06 %). Pour faire face à la hausse du nombre d'élèves, la CSDM a dû embaucher 142 enseignants et orthopédagogues. Ses dépenses sont passées de 1,095 milliard en 2016-2017 à 1,140 milliard en 2017-2018. « L'équilibre budgétaire est atteint, mais demeure fragile », affirme Catherine Harel Bourdon, présidente de la CSDM.

Administration: 3,46 %

La proportion du budget consacrée à l'administration est restée stable, autour de 3,5 %. « On est à peu près 500 cadres à gérer le budget de la commission scolaire dans près de 200 établissements. C'est l'action conjuguée de l'ensemble de ces gestionnaires qui fait en sorte qu'on arrive, après 1,1 milliard, à stationner un paquebot dans une place de Communauto ! », illustre Robert Gendron, directeur général de la CSDM.

Immobilier: 78,1 millions

Plus de 78 millions ont été consacrés au maintien d'actifs du parc immobilier et à la résorption du déficit de maintien accumulé. Il s'agit d'une augmentation de 10 millions par rapport à l'année précédente. La construction de quatre nouvelles écoles et le réaménagement ou l'agrandissement de cinq écoles existantes n'ont toutefois pas permis de répondre à l'augmentation du nombre d'élèves. La CSDM a dû ajouter 51 classes modulaires.

Déficit accumulé: 80 millions

La vente de deux bouts de terrain, dont un situé près de la Métropolitaine, a rapporté 1 million. L'incapacité à pourvoir une douzaine de postes à la suite de l'injection de nouvelles mesures vouées au service à l'élève (15,9 millions) a permis d'économiser environ 800 000 $. Grâce au petit excédent de 2,5 millions, le déficit accumulé est passé sous la barre de 80 millions.