La pénurie d'enseignants à Montréal risque de s'aggraver au cours des prochaines années, avertit le syndicat qui représente 9000 enseignants de la Commission scolaire de Montréal (CSDM). Près d'un enseignant sur deux veut quitter la CSDM d'ici cinq ans, révèle un sondage commandé par l'Alliance des professeurs.

Un répondant sur cinq affirme soit vouloir réorienter sa carrière dans un autre domaine ou encore aller enseigner dans une autre commission scolaire au cours des prochaines années. Les autres justifient le fait qu'ils ne se voient pas à la CSDM dans cinq ans par des départs à la retraite ou à la retraite anticipée.

Ces résultats «vraiment renversants» sont le fait de conditions de travail difficiles, affirme l'Alliance des professeurs. La moitié des enseignants sondés estiment que leurs conditions de travail se sont «détériorées » et «grandement détériorées» au cours des dernières années. Chez les professeurs ayant plus de 15 années d'expérience, cette proportion est de 75%. 

«Les enseignantes et les enseignants de la CSDM nous font part quotidiennement de leur épuisement, de leur découragement ou de leur démotivation face au travail. Ils tirent maintenant la sonnette d'alarme», dit Catherine Renaud, présidente de l'Alliance.

Elle plaide pour un allègement des conditions de travail et appelle à une meilleure reconnaissance de la «réalité particulière» de la plus grande commission scolaire de la province.

«Le nombre d'élèves qui peuvent être handicapés ou en difficulté d'adaptation d'apprentissage, en milieu défavorisé, allophones, ce sont des facteurs qui contribuent à créer une composition de classe particulière. On a beaucoup d'enjeux à la Commission scolaire de Montréal. Et je ne vous parle pas de l'état des bâtiments...»

La présidente de l'Alliance des professeurs admet toutefois qu'elle ne sait pas dans quelle mesure les enseignants des autres commissions scolaires songent à quitter leur employeur ou à déserter la profession. 

«Peu importe le gouvernement qui sera élu, il devra tenir compte de ces résultats-là, qu'il se projette dans l'avenir et qu'il trouve des solutions complètes pour prévenir la désertion des enseignants», dit Catherine Renaud. 

Le sondage a été mené par la firme BIP auprès de 1202 répondants en mai et juin dernier. La marge d'erreur est de 2,6%, 19 fois sur 20.