La pression s'accentue sur la direction de l'Université McGill pour qu'elle retire ses investissements du secteur des énergies fossiles. Le Sénat de McGill, une instance composée d'une centaine de membres de la communauté universitaire, a adopté mercredi une proposition en ce sens.

« C'est l'étape la plus unifiée pour montrer que c'est ce que la communauté désire », dit Gregory Mikkelson, le professeur en environnement qui a déposé la motion.

Une campagne menée par des étudiants a cours depuis six ans sur le campus universitaire. La motion est un « grand coup pour la campagne », dit Annabelle Couture-Guillet, membre du groupe Divest McGill.

« C'est un revers pour le conseil d'administration et c'est un poids qui s'ajoute, mais on continue la mobilisation », dit l'étudiante en environnement.

Le conseil d'administration de l'université, à qui revient la décision définitive, a rejeté en 2016 une proposition semblable. « Ils ont très mal géré la situation, dit Gregory Mikkelson. Ils ont produit un rapport pour excuser leur inaction, qui va à l'encontre des standards minimaux de l'intégrité académique. Ils n'y fournissent aucune preuve de ce qu'ils avancent, à une exception. »

La direction de l'université McGill affirme que le Conseil des gouverneurs sera saisi de cette résolution. « Le Conseil se préoccupe depuis des années du défi du développement durable et l'a inscrit dans ses responsabilités », nous a-t-on répondu par courriel.

Le professeur Gregory Mikkelson relève que sur les 650 entreprises dans lesquelles l'université a investi, seules 29 seraient touchées par d'éventuels désinvestissements des énergies fossiles. « Retirer ces investissements n'aurait pas d'effet catastrophique », dit-il.

Il rappelle également que des précédents existent : en 1985, McGill a désinvesti des entreprises soutenant l'apartheid en Afrique du Sud, tandis qu'il y a 10 ans, l'université a fait de même face à l'industrie du tabac.

Un mouvement mondial

Au Canada, seule l'Université Laval a entrepris un tel virage au début de 2017, quelques mois après la création d'un groupe étudiant réclamant un désinvestissement des énergies fossiles.

« L'argent ne mène pas le monde, mais il peut sérieusement l'influencer », avait alors déclaré le vice-recteur exécutif de l'établissement, Éric Bauce.

Si le Canada tarde à emboîter le pas, le mouvement de désinvestissement est bel et bien amorcé dans certains pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis. Près de 150 établissements d'enseignement supérieur dans le monde l'ont fait, note Gregory Mikkelson.

« Ils ont encore des étudiants, leurs bâtiments tiennent toujours. Le désastre n'a pas eu lieu », conclut en riant le professeur.