Un visage familier a fait un retour en classe, mercredi, pour la rentrée automnale à l'Université de Montréal. L'ex-chef du NPD à Ottawa et ex-ministre de l'Environnement à Québec, Thomas Mulcair, a offert son premier cours du nouveau programme de maîtrise en environnement et développement durable.

Devant la porte du local B-3265 du Pavillon Jean-Brillant, l'ex-politicien s'étonne de la ponctualité de ses étudiants dont plusieurs sont arrivés près de 30 minutes avant le début du cours. Il avoue sans gêne que ce n'était pas son cas lorsqu'il était étudiant.

« Oh non... Je n'étais jamais à l'avance comme ça. J'étais plutôt du genre à entrer à la toute dernière minute », se rappelle-t-il, portant toujours son complet sombre malgré l'indice humidex de 40.

Quelques minutes avant d'entrer en classe, le professeur invité a confié à La Presse canadienne être « vraiment heureux » d'avoir l'occasion de partager sa vaste expérience politique avec les étudiants.

En début de journée, il a d'ailleurs eu l'occasion de se familiariser avec son public en prononçant la conférence inaugurale du département de sciences politiques. « C'était un honneur de pouvoir souhaiter la bienvenue aux étudiants », souligne-t-il.

« Le discours visait à les inciter à utiliser leur passion pour l'environnement et pour la politique et d'insister, de s'impliquer de pousser, peu importe le parti politique, ce n'est pas partisan », décrit-il en se réjouissant de l'intérêt des jeunes pour le développement durable.

Par ailleurs, Thomas Mulcair, qui a abandonné son siège de député à Ottawa le mois dernier, se désole de voir que l'environnement est une fois de plus « le parent pauvre » de la campagne électorale au Québec.

« À en juger par les sondages, l'environnement demeure pourtant une préoccupation majeure pour les Québécois », déplore celui qui a fait inclure le « droit de vivre dans un environnement sain et respectueux de la biodiversité » dans la charte québécoise des droits et libertés de la personne en 2006.

Une classe bondée

En entrant dans la classe, on comprend qu'il y a un intérêt particulier pour le programme. La salle est bondée, on compte environ 80 inscriptions, et on songe déjà à trouver un local plus grand pour les prochains cours.

« Pour un cours de deuxième cycle, ça commence à faire beaucoup de monde à la messe ! Mais ça démontre que le sujet passionne les jeunes. On va parler de développement durable, mais surtout de quel genre de société ils veulent pour leurs enfants », résume M. Mulcair qui compte sur l'appui du doctorant Simon St-Georges à titre d'auxiliaire de recherche et d'enseignement.

Devant lui, les étudiants proviennent de partout dans le monde. On a compté au moins 13 nationalités différentes: Chine, Pérou, Liban, France, Haïti, Cameroun, Suisse, Île Maurice, etc. Ils apportent des expertises hétéroclites qui vont de l'économie au génie en passant par la théologie, l'architecture et l'administration des affaires. On retrouve même une banquière, un pharmacien et une pâtissière.

Certains disent vouloir « changer les choses », « avoir un impact positif sur la société » ou être « préoccupés » par l'impact du développement économique sur l'environnement.

« Je ne le connaissais pas avant le cours, mais je suis très contente d'avoir accès à quelqu'un qui a son expérience. Il s'exprime très bien et jusqu'à maintenant il semble un bon professeur », a commenté une étudiante, Cléa Merlen, à la pause.

Près d'elle, un autre étudiant, Simon Poitras, est d'accord. La feuille de route de l'ex-politicien semble un bel atout aux yeux de son public.

Les « ninjas du développement durable »

Pour détendre l'atmosphère, le professeur Mulcair présente une caricature de tortue ninja à la retraite forcée d'enseigner à de jeunes apprentis.

« Il arrive parfois que, même après une carrière réussie, vous soyez obligé d'enseigner les choses pour lesquelles vous avez jadis été payé afin de continuer à payer le loyer. Alors voilà, je suis votre ninja et je veux faire de vous des ninjas du développement durable pour mener cette bataille importante pour le futur de la planète. »

Se décrivant moins comme un scientifique de la politique que comme « un technicien qui a l'expérience du terrain », Thomas Mulcair dit vouloir « inculquer un sens du vrai, de la réalité en politique » à ses étudiants.

« C'est mon expérience de ministre de l'Environnement et mon bagage en politique et en gestion que je vais partager. Je me sens comme un vieux coach de hockey qui a accroché ses patins, mais qui partage ce qu'il a appris dans la vraie vie de notre sport qui est la politique », illustre-t-il.

Pour ce qui est du contenu du cours, M. Mulcair veut développer une compréhension critique du développement durable, aborder les jeux de pouvoir entre les gouvernements, les ententes internationales et les grandes industries ainsi que les mécanismes de mise en oeuvre de nouvelles politiques.

« Mais tout ça doit mener à un résultat, sinon ça ne sert à rien. Et c'est quoi le résultat ? C'est de léguer une meilleure planète aux générations futures », conclut-il.

Photo Graham Hugues, La Presse canadienne

La salle est bondée, on compte environ 80 inscriptions, et on songe déjà à trouver un local plus grand pour les prochains cours.