Malgré la directive énoncée par Québec l'an dernier pour mettre fin aux notes gonflées, près d'un enseignant sur dix affirme toujours subir des pressions pour modifier les résultats de certains élèves.

Ce constat est établi par la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), qui dévoile aujourd'hui les résultats d'une enquête menée auprès de ses membres du 29 janvier au 25 février derniers concernant l'évaluation des apprentissages.

Le syndicat, pour qui la question de l'autonomie des enseignants en matière d'évaluation est une priorité en cette période préélectorale, demande à ce que ce principe soit inscrit dans la Loi sur l'instruction publique.

« Lorsque [le gouvernement Couillard] a envoyé la directive, l'an dernier, les directions d'école [et] les commissions scolaires ont reconnu son bien-fondé. Cependant, le phénomène continue d'exister. Il faut donc pousser plus loin, car la directive ne suffit pas », estime Sylvain Mallette, président de la FAE.

En 2016, 20 % des membres de la FAE qui avaient administré une épreuve ministérielle affirmaient qu'on leur avait déjà demandé de modifier des résultats. Devant ce constat, le syndicat avait demandé l'année suivante à la firme Léger de sonder tous ses membres. Ce sondage établissait que 37 % d'entre eux affirmaient qu'on « leur avait déjà demandé de modifier le résultat obtenu par un ou plusieurs de leurs élèves ou qu'un résultat avait déjà été modifié sans leur accord ».

En mai 2017, le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, a envoyé une directive aux commissions scolaires, statuant que « les modifications de notes dans le but d'atteindre des cibles de réussite ne sont pas tolérées ».

Cette année, les quelque 11 % d'enseignants qui disent à nouveau subir des pressions pour modifier des notes affirment que la principale raison invoquée est pour « donner une chance aux élèves ». La FAE réclame la tenue d'une commission parlementaire sur la question de l'évaluation des apprentissages.

Pour des règles de passage nationales

En plus de la question des notes gonflées, le syndicat enseignant réclame désormais une uniformisation à l'échelle du Québec des règles de passage d'une année à l'autre.

Dans la nouvelle enquête menée auprès de ses membres qu'elle dévoile aujourd'hui, la FAE évalue que « 69 % [d'entre eux] estiment que les règles qui déterminent le passage d'un élève d'une année à l'autre devraient être établies par le ministère de l'Éducation et être les mêmes dans tous les établissements scolaires ».

« Il y a du ménage à faire dans les règles de passage. Dans une même commission scolaire, deux [écoles] peuvent adopter des règles différentes. On pourrait faire passer un élève en tenant compte de son degré de maturité dans une école, mais ce critère pourrait ne pas être évalué dans une autre école », déplore M. Mallette.

« L'évaluation des apprentissages est devenue un fourre-tout. Saisissons l'occasion qu'offre une commission parlementaire pour que tous les groupes puissent exprimer leur point de vue et qu'on ait un portrait de la réalité », ajoute-t-il.