Le ministère de l'Éducation « peut faire mieux », reconnaît son grand patron, Sébastien Proulx, dans un livre qu'il publie aujourd'hui. Un ouvrage dans lequel le ministre règle ses comptes avec les « objecteurs de changement » et propose que les enseignants obtiennent une formation de deuxième cycle.

M. Proulx lance aujourd'hui Un Québec libre est un Québec qui sait lire et écrire, qu'il a écrit pendant les Fêtes. L'essai n'est ni un bilan ni un programme électoral, précise-t-il d'entrée de jeu. Sa démarche vise plutôt à « engager un dialogue » sur l'état de l'éducation.

Le ministre lance un « appel à la mobilisation » pour la réussite éducative. Et il reconnaît que son propre ministère doit mettre l'épaule à la roue.

À l'instar de toute l'administration publique, le ministère de l'Éducation « fait face à un enjeu de crédibilité », croit M. Proulx. On le juge lent, conservateur et rigide. Ces critiques ne sont pas toutes fondées à ses yeux.

« Mais je reconnais aussi qu'on peut faire mieux et être encore plus habile comme organisation, écrit-il. Mieux soutenir, notamment, les initiatives du terrain. »

« Est-ce qu'une société accepterait que l'on dise à nos enfants de cesser de rêver, d'avoir des idées, des projets ? ajoute-t-il. Le ministère, lui non plus, ne peut pas punir les rêveurs. Il doit apprendre à mieux connaître les acteurs et aller à leur rencontre. Et faire confiance. »

CONTRE LES « OBJECTEURS DE CHANGEMENT »

Dans un monde en mutation, M. Proulx souhaite que la société tout entière se rassemble pour valoriser le « rôle fondamental » de l'éducation. Il égratigne les « objecteurs de changement » qui « se braquent » et qui « lèvent le ton » devant toute nouvelle idée pour améliorer le réseau.

« [Les objecteurs de changement] nient les faits par peur de devoir changer quoi que ce soit. Nous sommes là, à la frontière du corporatisme. Force est de constater que notre société compte plus de gardiens du statu quo que d'accélérateurs de changements », dit M. Proulx.

Il ne précise pas s'il fait référence aux politiciens, aux syndicats ou aux commissions scolaires.

« CONVERSATION » AVEC LES ENSEIGNANTS

Il convie par ailleurs les enseignants à une « réelle conversation » sur leurs conditions de travail. Il propose de s'inspirer des meilleures pratiques qui ont cours à l'étranger. Il cite en exemple la formation des maîtres, qui requiert une maîtrise dans certains pays, mais seulement un baccalauréat ici.

« Je crois que le Québec doit s'inspirer de ce qui se fait ailleurs et revoir la formation actuelle pour l'améliorer, mais surtout pour préparer les enseignants aux nouvelles réalités, écrit le ministre. Il faut donc poursuivre les réflexions en cours, les soutenir et envisager la possibilité d'offrir une formation initiale menant à un diplôme de deuxième cycle. »

Puisqu'« enseigner n'est pas un métier comme un autre », le ministre avance une série d'autres idées pour améliorer la pratique des enseignants. Il propose la création d'un programme d'insertion professionnelle pour mieux retenir les jeunes, un « plan annuel de développement professionnel » pour encadrer la formation continue et l'amélioration des conditions de travail. Il suggère aussi d'établir une évaluation des enseignants et de créer un ordre professionnel.

Toutes ces idées, il les met sur la table pour lancer une « réelle conversation » avec le milieu de l'enseignement.

« En langage gouvernemental, je dirais qu'il faut moins de Conseil du trésor et plus de conversations franches et ouvertes entre les enseignants, leurs représentants syndicaux, le Ministère et le gouvernement, écrit le ministre. Tout n'est pas qu'une question de relations de travail. Au contraire. »