« Offre incroyable ! Fais tes études à Rivière-du-Loup et obtiens la résidence gratuite et 500 $ par session ! »

C'est ce qui est annoncé en grosses lettres sur la page d'accueil du site web du cégep de Rivière-du-Loup, qui ne ménage aucun effort pour attirer des jeunes dans son établissement.

Comme le dit la promotion et suivant la formule consacrée, « certaines conditions s'appliquent ».

Ainsi, les jeunes originaires du Bas-Saint-Laurent ne sont pas admissibles, et ce sont des programmes bien précis qui sont visés par la publicité.

« Cette offre est valide » pour les programmes de graphisme, de design d'intérieur, d'arts visuels, ainsi que des profils internationaux des sciences de la nature (option sciences de la santé) et des sciences humaines (option société, géopolitique et environnement).

Jérémie Pouliot, directeur adjoint des études, note que les programmes choisis sont à la fois ceux dont les rangs sont trop dégarnis et « ceux qui ne risquent pas de cannibaliser les autres cégeps de la région ».

Par exemple, il n'aurait pas été question, dit-il, de cibler la technique d'électronique industrielle, offerte dans un autre cégep du Bas-Saint-Laurent.

ATTIRER LES ÉLÈVES DES GRANDS CENTRES

Comme d'autres cégeps, celui de Rivière-du-Loup a reçu du gouvernement du Québec une enveloppe budgétaire pour tenter d'attirer des élèves des grands centres, « entre autres ceux qui auraient été refusés dans les cégeps de leur région dont la clientèle déborde parfois pour certains programmes », relève M. Pouliot.

C'est donc grâce à une enveloppe de 71 000 $ que le cégep de Rivière-du-Loup peut offrir la résidence gratuite et 500 $ par session aux élèves de l'extérieur de la région qui s'y inscrivent.

Évidemment, l'idée derrière tout cela, c'est de contrer le « léger déclin des effectifs étudiants », explique M. Pouliot.

Dans le même objectif, le cégep de Rivière-du-Loup, comme plusieurs autres établissements collégiaux de la province, mène en parallèle une campagne de séduction auprès d'élèves étrangers. Environ 10 % de la clientèle du cégep de Rivière-du-Loup vient de l'étranger.

UNE QUESTION DE SURVIE

De ces campagnes de séduction dépendent la survie de certains programmes en région ou même la survie de certains établissements eux-mêmes, qui se trouvent, d'un point de vue démographique, en plein creux de vague.

Selon les prévisions ministérielles, la situation devrait cependant s'améliorer à plusieurs endroits au cours des prochaines années. Ainsi, Québec prévoit que d'ici 2026, les effectifs étudiants seront en hausse de 6,6 % à Rivière-du-Loup, de 5,2 % à Rimouski et de 17,9 % à La Pocatière. À l'inverse, selon le document prévisionnel du ministère de l'Éducation, « le cégep de Matane est voué à une décroissance de 10,4 % à l'horizon 2026 ».

En mai dernier, le directeur général du cégep de Matane disait en entrevue à La Presse que son seul cégep dépense annuellement 400 000 $ pour attirer et intégrer des élèves étrangers.

LES UNIVERSITÉS AUSSI

Les cégeps ne sont pas les seuls à multiplier les initiatives pour recruter des élèves. C'est aussi le cas des universités.

L'automne dernier, l'Université de Montréal y est allée d'une campagne courtisant les jeunes Français qui n'avaient pas pu être acceptés dans une université de leur pays natal, entre autres en raison d'une augmentation ponctuelle importante des demandes d'admission.

La publicité mettait notamment l'accent sur la facilité, à l'Université de Montréal, de changer de programme en cours de route.

photo tirée de la page facebook du cégep

Le cégep de Rivière-du-Loup ne ménage aucun effort pour attirer des jeunes dans son établissement.