Le projet de la Coalition avenir Québec (CAQ) d'abolir les commissions scolaires pour les remplacer par des centres de services suscite une levée de boucliers. Commissions scolaires, syndicats et adversaires politiques dénoncent le plan de la formation.

« Cette éternelle idée, comme si c'était la seule... Ça date d'il y a 20 ans ! Est-ce que c'est vraiment ça qu'on veut, un débat de structure ? », se questionne, découragé, le président de la Fédération des commissions scolaires du Québec, Alain Fortier.

Selon lui, les commissions scolaires n'ont pas de graves problèmes de gouvernance, comme le soutient la CAQ. « J'aimerais avoir des exemples. À ce que je sache, la persévérance scolaire s'améliore, la réussite éducative s'améliore [...] et nos frais administratifs sont parmi les plus bas de tous les réseaux », dit-il.

« UNE POSITION IDÉOLOGIQUE »

Diane Lamarche-Venne, présidente de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, à Montréal, trouve pour sa part que « ce n'est pas constructif de toujours taper sur le même clou pour se faire du capital politique ».

« C'est une position idéologique. [...] Quand je m'adresse à des directions d'école, c'est l'inverse que j'entends. Elles ne veulent pas trop être surchargées au niveau de la gestion. Elles veulent s'occuper de la pédagogie », soutient quant à lui Miville Boudreault, président de la commission scolaire de la Pointe-de-l'Île.

« Le système d'éducation, ce n'est pas d'un changement de structure qu'il a besoin. C'est d'un changement de vision qui s'appuie sur les besoins des élèves », estime Louise Chabot, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

La présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement, Lorraine Normand, affirme pour sa part qu'il revient aux politiciens de débattre de la structure de gouvernance en éducation, mais qu'elle trouve « intéressant [dans le projet de la CAQ] que les décisions soient prises localement, près des élèves ».

UN DÉBAT « STÉRILE » SELON LE PQ, LE MINISTRE « SURPRIS »

À Québec, le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, s'est dit « surpris » de la sortie de la CAQ.

« La première sortie publique de la Coalition avenir Québec est sur les structures. On est en plein milieu d'une semaine où l'on parle de services, d'égalité des chances et de responsabilités collectives à l'égard de nos enfants : ils proposent de prendre les commissions scolaires et d'en faire le même nombre de directions régionales. J'aime mieux donner des services et à la fin, c'est ce qui va faire en sorte qu'on va en donner davantage aux élèves », a-t-il affirmé.

Pour Véronique Hivon du Parti québécois (PQ), le plan de la CAQ est « stérile » et n'offre aucune garantie d'économies.

« Pendant que nous sommes 10 points de pourcentage derrière l'Ontario pour notre taux de diplomation, que certaines de nos écoles tombent en ruine et que les élèves en difficulté n'ont pas droit au soutien dont ils ont besoin, la CAQ promet d'enfermer le Québec dans un débat de structure stérile en abolissant les commissions scolaires pour les remplacer par des centres de services, sans aucune garantie d'économies ni de plus grande efficacité », soutient-elle.

Du côté de Québec solidaire, le co-porte-parole du parti, Gabriel Nadeau-Dubois, affirme que « ce n'est pas la structure, le problème ; c'est les ressources et le manque de vision ».

« La CAQ veut faire des réformes de structure en éducation comme Gaétan Barrette en a fait en santé. Regardez le résultat. C'est catastrophique », ajoute-t-il.