Québec veut redonner un coup de jeune aux écoles de la province l'été prochain en investissant dans les travaux de rénovation. Les commissions scolaires de la province se partageront cette année la somme de 740 millions, déjà prévue au Plan québécois des infrastructures.

C'est de l'argent frais, a assuré le ministre de l'Éducation Sébastien Proulx, qualifiant l'annonce d'« historique ». Il a toutefois reconnu que cet argent était déjà inscrit au Plan québécois des infrastructures 2017-2027. « J'ai fait en sorte qu'on sorte les champignons des écoles », a-t-il déclaré lundi, dans le cadre d'une conférence tenue dans une école primaire de Montréal.

À elles seules, les cinq commissions scolaires de l'île de Montréal recevront près de 40 % de ces millions pour mettre aux normes les bâtiments et effectuer des travaux essentiels, comme des réfections de toitures ou des travaux de chauffage et de plomberie.

De cette somme, 15 millions de dollars sont consacrés à la réalisation de travaux « urgents » qui ne sont pas couverts habituellement. Les écoles pourront ainsi effectuer des travaux de peinture ou encore remplacer des portes de casiers.

DES ANNONCES DEVANCÉES

Les commissions scolaires auront plus de temps pour faire les travaux cette année. Dans le passé, c'est en mars qu'elles apprenaient quelles sommes leur seraient allouées pour la rénovation d'écoles.

« C'est deux mois qu'on gagne pour vous permettre de travailler plus tôt, d'enclencher les chantiers plus tôt », a déclaré Sébastien Proulx.

Une décision saluée par la Commission scolaire de Montréal (CSDM). « Pour les commissions scolaires, ces deux mois sont très importants pour aller en appel d'offres et réaliser les travaux », a souligné sa présidente, Catherine Harel Bourdon.

PAS DE NOUVELLES ÉCOLES DANS L'IMMÉDIAT

La mairesse de Montréal Valérie Plante et la présidente de la CSDM ont toutes deux rencontré le ministre de l'Éducation pour discuter de la situation particulière de la métropole, très touchée par la surpopulation dans les écoles.

« Montréal vit une problématique supplémentaire. On a la rareté des terrains, on a des défis réglementaires et on a des projets autorisés qui ne sont pas construits », a dit Sébastien Proulx, ministre de l'Éducation.

« Dans les faits, si on avait déjà construit les centaines de classes qui ne le sont pas, dans bien des secteurs et des arrondissements, on n'aurait aucune surpopulation », a-t-il précisé. 

La bureaucratie a nui à la réalisation de certains projets, a laissé entendre le ministre. « Il y a Québec, les commissions scolaires, la Ville, les arrondissements, les difficultés avec les terrains, les enjeux patrimoniaux. Il y a tout ça sur la table », a dit Sébastien Proulx.

La Centrale des syndicats du Québec a salué cette annonce du gouvernement, tout affirmant qu'au cours des dernières années, certains travaux avaient dû être reportés en raison d'un manque de ressources humaines.

« Faut-il rappeler que le personnel de soutien, dont plusieurs corps d'emplois veillent à l'entretien et à la rénovation des infrastructures, a particulièrement souffert des compressions dans les dernières années ? », a déclaré la présidente de la CSQ, Louise Chabot, dans un communiqué.

La Coalition avenir Québec croit que le Parti libéral est lui-même à l'origine du mauvais état des écoles. « Pourquoi on a besoin de fonds d'urgence, si ce n'est parce que le gouvernement a négligé les infrastructures scolaires depuis 15 ans ? On débloque un 15 millions à la va-vite parce que l'eau s'infiltre et qu'il y a des champignons dans les murs », dit Jean-François Roberge, porte-parole de la CAQ en matière d'éducation.

DE MEILLEURES RELATIONS AVEC LA VILLE, DIT LA CSDM

En octobre dernier, une liste de terrains potentiels pour la construction de nouvelles écoles fournie par l'administration Coderre avait fait bondir la CSDM. Depuis l'arrivée de Valérie Plante, les relations sont meilleures, dit la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon.

« Monsieur Coderre le disait lui-même, il voulait gérer les écoles, il voulait avoir les bâtiments jusqu'à ce que le gouvernement du Québec adopte la loi sur la métropole. Les commissions solaires restent maître d'oeuvre et propriétaires de leurs bâtiments », a dit Catherine Harel Bourdon.

Il est impératif de prévoir des écoles quand des quartiers résidentiels se développent, a rappelé la présidente de la CSDM.

« On a déjà Griffintown et Contrecoeur, qui sont deux sites où il y a eu des constructions où il n'y a pas d'école, ça crée une pression sur les écoles des quartiers environnants », a dit Catherine Harel Bourdon.

La mairesse de Montréal a rappelé que les terrains se font rares en ville. « C'est urgent, il faut des écoles à Montréal et il y en a qui sont dans les cartons, mais on va essayer de faciliter la construction dans les arrondissements. Il faut qu'on pense à l'extérieur de la boîte et qu'on soit créatif, on n'a pas beaucoup de terrains, ils sont coûteux », a précisé Valérie Plante.

***

2071 Nombre de projets de rénovation prévus, dont 414 à Montréal