Les commissions scolaires du Bas-Saint-Laurent peuvent se targuer d'être les championnes de l'implantation du projet pilote d'éducation à la sexualité. Près du tiers des écoles québécoises qui participent au programme se trouvent dans cette région.

À elles seules, les commissions scolaires des Phares, des Monts-et-Marées, du Fleuve-et-des-Lacs et de Kamouraska-Rivière-du-Loup comptent près d'une soixantaine d'écoles qui participent au projet pilote, démontre une liste des écoles participantes obtenue en vertu de la loi sur l'accès à l'information.

À titre de comparaison, la plus grosse commission scolaire du Québec, soit la commission scolaire de Montréal (CSDM), ne compte que deux écoles - une primaire et une secondaire - qui ont implanté ce programme. Elle dénombre pourtant dans ses rangs 72 000 élèves du primaire et du secondaire.

La CSDM dit avoir proposé que davantage d'écoles participent au projet pilote, mais s'être fait refuser le financement d'une « ressource supplémentaire » par le ministère de l'Éducation. En matière d'éducation à la sexualité, la CSDM applique le programme du Ministère et a mis en place sa « propre façon de procéder ».

En regroupant les commissions scolaires francophones et anglophones de la métropole, on compte seulement 13 écoles publiques qui participent au projet pilote dans l'île de Montréal. Sur le même territoire, 15 écoles privées l'ont mis en place.

Selon les listes obtenues du ministère de l'Éducation et datées de la fin d'octobre, aucune école publique de la Mauricie ni du Nord-du-Québec ne participe au projet pilote.

Participation volontaire

Le programme d'éducation à la sexualité fait l'objet d'un projet pilote depuis 2015 au Québec. Il est implanté dans les écoles sur une base volontaire. Ce sont les enseignants qui, dans le cadre de leurs cours habituels, doivent former les élèves à raison d'environ cinq heures par année au primaire et jusqu'à 15 heures au secondaire.

À la suite des allégations d'inconduite et d'agression sexuelles mises au jour dans les dernières semaines, le ministre de l'Éducation Sébastien Proulx a exprimé son désir de rendre le programme obligatoire. Le milieu scolaire fait face à « une certaine résistance » à l'égard de l'éducation à la sexualité, a-t-il par ailleurs soutenu.

Comment expliquer que la région du Bas-Saint-Laurent ait si rapidement implanté le projet pilote du gouvernement ? Une bonne partie du travail était fait, répond Annick Kerschbaumer, sexologue qui travaille à la commission scolaire de Kamouraska-Rivière-du-Loup depuis sept ans.

« On avait déjà installé un programme avant le projet pilote. On se sentait à l'aise de l'implanter massivement dans nos commissions scolaires, c'est sans doute pour ça qu'on est surreprésentés au Québec. »

Bien qu'Annick Kerschbaumer soit la seule sexologue qui travaille à temps plein dans une commission scolaire de la région, trois des quatre commissions scolaires du Bas-Saint-Laurent emploient une sexologue.

« Quand le projet pilote est arrivé, on a regardé si on était compatibles et on s'est rendu compte qu'on était déjà sur la bonne voie. On a fait quelques petits ajustements : ici, le Ministère parle de telle chose en secondaire II, nous, en secondaire III », illustre-t-elle.

La sexologue estime que même sans avoir implanté le projet pilote, bien des écoles en font beaucoup en matière d'éducation à la sexualité. « Il se fait déjà beaucoup de choses dans la province. Le projet pilote offre des occasions de rajouter des cours à ça, dit Annick Kerschbaumer. Tout dépend des commissions scolaires, la plupart ont déjà un petit bout de chemin de fait. »

- Avec William Leclerc, La Presse