Des universités et cégeps montréalais semblent réticents à appliquer les dispositions de la loi 62, qui interdit aux étudiants de porter un voile qui couvre leur visage en classe.

La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, a tenté de clarifier les imprécisions de la loi, mardi.

En classe, les étudiants devront avoir le visage découvert, étant donné qu'une communication est requise entre l'étudiant et son enseignant pour faciliter les apprentissages, a-t-elle expliqué.

Mais les établissements scolaires ne semblent pas tout à fait à l'aise avec cette directive.

Le porte-parole de l'Université McGill, Justin Dupuis, a affirmé mardi que l'établissement «avait l'obligation d'accommoder les différences religieuses et qu'elle continuerait à le faire».

Fatima Ahmad, une étudiante de 21 ans à l'université, arbore le niqab et elle dit n'avoir eu aucun problème avec ses collègues et ses professeurs.

«Pour les examens, je l'enlève pour qu'ils puissent m'identifier - ce n'est pas un problème», a-t-elle relaté.

Elle croit être la seule étudiante qui arbore le niqab dans l'établissement universitaire et selon elle, la loi qui a été adoptée la semaine dernière n'est pas appliquée.

Selon Jean-Marie Lafortune, président de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université, le fait de forcer les professeurs à jouer le rôle de la police et à expulser des étudiantes qui couvriraient leur visage violerait leur liberté académique.

«Le mot d'ordre, si on veut c'est: portez à notre attention toute situation où on aurait soit menacé des professeurs de sanctions, soit convoqué ceux-ci dans des lieux de discipline, afin qu'ils soient convenablement accompagnés», a-t-il affirmé en entrevue.

M. Lafortune soutient que les professeurs ont pleinement la liberté de décider si leur classe ou leur laboratoire offrent un bon environnement pour la transmission des connaissances.

«Clairement, nous, on va prendre la défense du corps professoral s'il y a conflit, litige, ou s'il y avait judiciarisation des comportements», a-t-il assuré.

Seulement une poignée d'étudiants à Montréal portent un voile qui couvre le visage, souligne-t-il, accusant le gouvernement québécois d'imposer une loi pour encadrer un «phénomène exceptionnel».

Les quatre grandes universités et sept cégeps de la région de Montréal ont été contactés par La Presse canadienne. Ils ont dit attendre les instructions précises du gouvernement avant de commenter.

Geneviève O'Meara, porte-parole de l'Université de Montréal, a affirmé qu'en attendant, les femmes dont le visage est voilé peuvent assister aux cours. Au collège Dawson, la même instruction a été donnée.