Les partis de l'opposition à Québec accusent le gouvernement libéral de « traîner les pieds » dans le dossier de la piètre qualité du français des futurs enseignants, alors que le problème est connu depuis des années.

La Presse a révélé hier qu'à leur premier essai, près de la moitié des futurs enseignants québécois ont échoué à l'examen de français obligatoire pour l'obtention de leur brevet d'enseignement en 2016. À l'échelle de la province, le taux de réussite au Test de certification en français écrit pour l'enseignement (TECFEE) à la première passation est même en baisse, oscillant entre 58 % en 2011 et 53 % l'an dernier, selon nos informations.

« Ces dernières années, les ministres de l'Éducation se sont succédé au gouvernement libéral. Tour à tour, ils promettent - la main sur le coeur - qu'ils vont s'attaquer au problème, puis ils sont remplacés. C'est prendre le monde pour des imbéciles », critique le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'éducation, Alexandre Cloutier, du Parti québécois (PQ).

Même son de cloche à la Coalition avenir Québec (CAQ) : « Malheureusement, c'est le jour de la marmotte », s'exclame le porte-parole du parti en matière d'éducation, Jean-François Roberge.

« Les résultats au TECFEE ne s'améliorent pas d'une année à l'autre. Les ministres de l'Éducation passent au sein du gouvernement libéral, mais personne ne bouge sur la question. »

Revoir les critères d'admission

Le PQ et la CAQ croient que les critères d'admission au baccalauréat en enseignement doivent être resserrés.

La réussite du TECFEE doit devenir une condition d'admission, propose la CAQ. À l'heure actuelle, les futurs enseignants passent le TECFEE à mi-chemin de leur parcours universitaire. Ils doivent avoir réussi le test pour faire leur troisième et avant-dernier stage. Or, ils ont droit à un nombre de reprises illimité.

« Les étudiants doivent être avertis avant leur entrée au baccalauréat : "Attention, la barre est haute. Si vous voulez avoir le privilège d'enseigner, vous devez avoir une excellente maîtrise de la langue française" », dit le député caquiste Jean-François Roberge.

« On nous dit que les critères d'admission varient beaucoup d'une université à l'autre, explique pour part le député péquiste Alexandre Cloutier. Ce n'est pas rendre service à un étudiant de le laisser faire un baccalauréat de quatre ans avant de lui dire qu'il n'a pas ce qu'il faut pour enseigner. »

Restreindre les passations

Depuis au moins deux ans, l'Association des doyens, doyennes et directeurs, directrices pour l'étude et la recherche en éducation demande au ministère de l'Éducation de restreindre à quatre le nombre de passations.

Le ministre de l'Éducation Sébastien Proulx a répondu à La Presse, hier en fin de journée, par l'intermédaire de son attachée de presse Marie Deschamps, qu'il avait « toujours exprimé l'intention de limiter le nombre de passations au TECFEE ». Aucun échéancier n'a cependant été fixé pour concrétiser cette promesse, indique le bureau du ministre.

« La Politique de la réussite éducative prévoit d'ailleurs le renforcement de la formation initiale et continue du personnel scolaire et du personnel des services de garde éducatifs à l'enfance puisqu'il s'agit d'un facteur de réussite éducative », ajoute le bureau du ministre.

Le problème dans le contexte

De son côté, Québec solidaire (QS) trouve aussi la statistique « inquiétante ». Cela dit, il est « trop facile » de lancer la pierre aux futurs enseignants et enseignantes du Québec, avertit le député de QS Gabriel Nadeau-Dubois. « Il y a des ministres actuels qui ne l'auraient pas réussi, ce test-là », lance M. Nadeau-Dubois.

« Il faut mettre le problème dans un contexte, poursuit le député de QS. Notre système d'éducation est de moins en moins capable d'apprendre le français correctement aux jeunes. On doit améliorer l'enseignement du français en amont. »

Photo Jean-Marie Villeneuve, Archives Le Soleil

Alexandre Cloutier, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'éducation

Photo David Boily, Archives La Presse

Jean-François Roberge, porte-parole de la Coalition avenir Québec en matière d'éducation