Le quartier Griffintown, dans le sud-ouest de Montréal, a bien changé au cours des dernières années, mais si de nombreux immeubles en copropriété y ont été bâtis au fil des ans, aucune école n'avait encore ouvert dans le secteur. C'est chose faite depuis mardi. Une quinzaine d'enfants fréquentent l'école privée la Nouvelle Vague.

LA PREMIÈRE ÉCOLE DU QUARTIER

C'est dans un ancien bâtiment commercial situé tout près de l'autoroute Bonaventure que s'est installée la toute première école du quartier. « On est trois mères de famille qui avons décidé il y a trois ans de déposer une demande de permis et de trouver un bâtiment pour y installer une école maternelle-primaire », explique Marie-Andrée Mallette, avocate convertie en femme à tout faire dans le petit établissement. « Comme parent, je savais qu'on répondait à un besoin. Comme entrepreneure aussi », dit-elle.

Des résidants demandent depuis quelques années déjà l'ouverture d'une école primaire publique dans le secteur. Le maire de l'arrondissement du Sud-Ouest, Benoit Dorais, estime que plusieurs projets immobiliers dans Griffintown sont « évolutifs » et que les familles voudront rester dans le quartier.

« Les gens dans Griffintown veulent avoir une école publique dans Griffintown. On le sent. Ce n'est pas un quartier de familles : c'est un quartier où il y aura beaucoup de familles. »

Faisant le même constat, la Commission scolaire de Montréal envisage l'agrandissement de l'école de la Petite-Bourgogne, située non loin, et pourrait éventuellement construire une école sur un terrain lui appartenant dans Griffintown. Des projets qui nécessitent l'aval de Québec et qui pourraient prendre plusieurs années avant de se réaliser.

DES FRAIS D'ADMISSION ÉLEVÉS

L'école la Nouvelle Vague n'est pas subventionnée par le gouvernement. Les parents doivent payer entre 11 000 et 12 000 $ par an pour que leurs enfants fréquentent l'école, mais peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt, précise la présidente de l'établissement, Marie-Andrée Mallette.

Cette nouvelle école ne répond en rien au fait que dans les prochaines années, le nombre d'élèves risque d'augmenter dans le secteur, dit la commissaire indépendante du Sud-Ouest, Violaine Cousineau. « C'est du privé très privé, qui ira peut-être rejoindre une certaine population qui recherche ce genre d'établissement. Mais il y a aussi du logement social qui se construit dans le quartier, et pour les familles, je ne pense pas que ce soit le choix numéro un », dit-elle.

La présidente de l'école la Nouvelle Vague la décrit pour sa part comme « inclusive », puisque les élèves en difficulté y sont admis et qu'aucun test d'admission n'est fait à l'entrée. « Pour nous, une classe devrait représenter toute une société et chacun apprend à cohabiter », dit Marie-Andrée Mallette.

LES ÉLÈVES

Il y a actuellement 15 élèves qui étrennent les nouveaux locaux, où des travaux de construction sont encore en cours. « L'école est le reflet de toute la communauté, très internationale », dit Marie-Andrée Mallette, qui précise que les élèves viennent du quartier, mais aussi de Verdun, de LaSalle ou de L'Île-des-Soeurs. L'école la Nouvelle Vague entend réserver la moitié de ses places aux résidants du Sud-Ouest. « On n'est pas une école publique de quartier, mais on veut quand même être une école de quartier », poursuit la présidente. À terme, c'est 148 élèves qui pourront fréquenter l'école.

La communauté chinoise est particulièrement intéressée par le projet éducatif, qui mise beaucoup sur l'apprentissage de l'anglais et le sport. « Culturellement, pour eux, c'est important : ils viennent ici pour éduquer leurs enfants. La communauté asiatique cherche une école où l'anglais est enseigné dès la maternelle », dit Marie-Andrée Mallette.

DES PROJETS D'EXPANSION

D'ici deux ans, l'école veut offrir la formation secondaire et proposer des programmes collégiaux bien spécifiques, pour lesquels des demandes de permis ont déjà été déposées auprès du ministère de l'Éducation. Un agrandissement avec un espace locatif permettra aussi l'établissement d'une garderie et d'une clinique. « On veut vraiment être un partenaire avec les gens du coin, on habite le coin, et on sait les besoins qu'il y a. Une clinique médicale sans rendez-vous, pas privée, il n'y en a pas ici. On essaie de rendre notre espace commercial abordable pour ça », dit Marie-Andrée Mallette.

Photo André Pichette, La Presse

C'est dans un ancien bâtiment commercial situé tout près de l'autoroute Bonaventure que s'est installée la toute première école du quartier.