Après avoir affirmé au printemps dernier qu'elle ne pouvait interdire dans ses écoles des aliments apportés de la maison, voilà que la Commission scolaire de Montréal (CSDM) dit à nouveau aux parents d'éviter les noix et les arachides dans les lunchs.

«Nous demandons aux parents de ne pas inclure des aliments contenant des arachides et des noix dans les collations et les repas des enfants», lit-on dans la nouvelle «Politique pour une saine alimentation» mise en ligne sur le site de la CSDM.

En ce début d'année scolaire, certaines écoles ont envoyé une lettre aux parents pour leur faire part des grandes lignes de cette nouvelle politique, qui précise toutefois «qu'aucun membre du personnel ne peut confisquer un ou des éléments de la boîte à lunch d'un élève sous prétexte qu'il contient un ou des allergènes».

En mai dernier, une note interne envoyée à tous les établissements indiquait presque le contraire et avait suscité de nombreuses réactions lorsque La Presse en avait fait état.

Une école, disait-on alors, ne pouvait bannir des aliments « contenant des traces d'allergènes ».

«C'est sûr que c'est mélangeant, dit Anne-Marie Hamel, conseillère aux communications pour Allergies Québec. J'ai un enfant qui n'est pas allergique et je me demandais comment la levée de l'interdiction allait affecter nos habitudes de lunchs. J'ai vu passer ça [la nouvelle politique] et c'était une surprise. Ce ne sont pas des communications qui ont été très claires.»

Allergies Québec n'a jamais recommandé à la CSDM de proscrire les noix et les arachides, dit-elle. Le groupe ne milite pas plus pour l'interdiction des aliments allergènes dans les écoles.

«Ce n'est pas gérable d'interdire les allergènes. Pourquoi interdire les arachides et les noix si on n'interdit pas le blé, alors que ça peut aussi avoir des conséquences fatales? Les enfants allergiques ne sont pas plus en sécurité si on met leur vie entre les mains des autres parents qui font des lunchs en espérant qu'ils ne feront pas d'erreurs», dit Anne-Marie Hamel.

La CSDM affirme pour sa part que sa politique sur les allergies alimentaires n'a pas changé depuis le printemps dernier. «L'an dernier, la communication était destinée aux établissements, là, c'est destiné aux parents », dit le porte-parole Alain Perron, qui admet que l'article de La Presse a soulevé «un tollé». «Plus personne ne savait à quel saint se vouer. Les parents vont être outillés», dit-il.

«Acceptabilité sociale»

Présidente du groupe Déjouer les allergies, Marie-Josée Bettez estime pour sa part qu'il y a une «acceptabilité sociale» autour de l'interdiction des arachides et des noix et que c'est «correct de les bannir dans les écoles primaires au Québec».

«Le problème, c'est quand on élargissait la liste des interdictions avec les kiwis, le poisson, le soya... Je ne pense pas que c'est la voie qu'on devrait prendre. C'est difficilement gérable et ça met un fardeau beaucoup trop lourd sur l'ensemble des parents et des élèves», dit-elle.

Elle estime que la nouvelle politique de la CSDM, qui dit que chaque école doit avoir deux auto-injecteurs en sa possession, est une «avancée très positive» pour les enfants allergiques. «On focalise sur l'interdiction des allergènes parce que ça crée plus d'émotions, mais il faudrait voir au-delà de cette interdiction», dit Marie-Josée Bettez.